1993- EMILE HENRY UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS
Ceux qui connaissent l’histoire récente de la France seront surpris par
le nom de ce photographe qui rappele une bien sombre époque alors
que le dénommé Emile HENRY, anarchiste de son métier, avait fait
exploser une bombe en plein coeur d’un café de la capitale française.
Même si l’objet de ma chronique de ce mois-ci est plus pacifique il
n’est reste pas moins qu’Emile HENRY, version québécoise, dérange à
sa façon et fait exploser les frontières de la photo contemporaine.
Né en 1953, Emile a l’oeil raffiné dès sa plus tendre enfance et c’est à
l’âge de 10 ans, lors d’un voyage aux chutes du Niagara qu’il
expérimente ses premières prises. Au fil des ans, il approfondi de plus
en plus les différents styles de l’art photographique mais c’est
seulement à l’âge de 28 ans qu’il décide de se consacrer
professionnellement à sa passion.
Emile n’aime pas qu’on le qualifie de “professionnel” à cause de la
définition du mot qui implique une activité plutôt orientée vers la
vente et le commerce d’oeuvres. Contrairement à la tendance, Emile
photographie tout ce qu’il aperçoit, tout ce qu’il affectionne pour
ensuite en faire une sélection sur planche contact et choisir les
futurs “réussites”.
Mais qu’est-ce qui se passe dans la tête, dans l’oeil d’un photographe
qui fait d’un simple décor, une image de rêve? L’amour? Surement car
Emile HENRY aime l’amour et il le prouve chaque jour que ce soit dans
son métier ou dans sa vie de couple :<< …Je suis encore plus en amour
aujourd’hui qu’au début et ce n’est surement pas parce que je n’y fais
rien…L’amour est une émotion qu’il faut entretenir et qui peut aller
bien loin si on y croit…>>
Le monde d’Emile HENRY, malgré les apparences, n’est pas
uniformément rose et lorsqu’on parle de lutte des classes, le
photographe devient plus rigide et sévère envers une société qui
accepte l’injustice. Que ce soit dans la répartition des richesses
collectives, personnelles, dans les relations de travail ou simplement
entre les gens sur la rue, le monde vit une ère difficile, une ère
d’individualité.
Chacun tente de tirer son épingle du jeu au détriment des plus faibles.
Emile HENRY exprime des idées qui choquent et qui coïncident avec sa
“vision” de la vie en général.Lors de l’entrevue, j’ai eu le plaisir de
découvrir un monde insoupçonné de la photographie et j’en suis resté
fortement impressionné ne serais-ce que par les grandes qualités
personnelles de Monsieur Emile HENRY, photographe. (514) 376-5721
Roger-Luc CHAYER, 16 mars 1993