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À l’heure de la Gay pride et du Coming out, on pourrait espérer que la cause homosexuelle ne soit plus un combat à mener au quotidien, mais les éructations homophobes que l’on peut entendre régulièrement et les agressions relatées dans les journaux prouvent que non…
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Triangle rose (Quadrants) de Michel Dufranne et Milorad Vicanovic nous ramène à une période où le régime nazi envoie des hommes dans les camps de concentration pour « crime contre la race » et c’est l’un d’entre eux que rencontrent de nos jours de jeunes écoliers à la recherche d’un témoignage pour un devoir d’histoire. L’homme se montre revêche et même brutal, car la sortie des camps n’a pas signifié pour lui la fin du calvaire…
Dans les années Trente, Andreas est un talentueux dessinateur publicitaire entouré d’amis ; il est joyeux, optimiste et vit parfaitement bien son homosexualité dans une relation amoureuse tendre et discrète (on est aux antipodes de l’excellent film Cabaret de Bob Fosse et de ses personnages flamboyants et tapageurs).
Triangle rose,
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En accédant au pouvoir, les nazis vont systématiser et durcir l’arsenal répressif dirigé contre l’homosexualité jusqu’à ce fameux paragraphe 175 du Code pénal allemand, porte ouverte à l’arbitraire total… Le groupe d’amis se disloque, certains d’entre eux pensent à se marier pour tromper les autorités !
C’est le cas d’Andreas, mais il est dénoncé par sa concierge et perd son travail : convoqué par la police, puis jeté en prison où il est battu et violé, il refuse de révéler les noms des homosexuels qu’il pourrait connaître, ce qui lui vaut d’être déporté dans un camp de concentration… Miraculeusement, il va survivre, mais l’après-guerre est terriblement cruel pour lui, car il n’a pas droit à une réparation financière, étant un condamné de droit commun, il est méprisé parce qu’ayant survécu à la guerre sans combattre (!) et stigmatisé parce qu’homosexuel…
Le premier mérite de ce livre est de remettre en mémoire l’acharnement des nazis contre les Allemands considérés comme traîtres à la patrie de par leur orientation politique ou sexuelle, avec cette sinistre méticulosité administrative symbolisée par le fameux triangle rose portée par les détenus dans le camp !
Situés au plus bas de l’échelle pénitentiaire, les homosexuels sont parmi les premiers à être déportés, leur espérance de vie est l’une des plus courtes, et ils subissent des humiliations spécifiques comme d’être forcés de laisser leurs mains visibles pendant leur sommeil pour ne pas, et je reprends là l’écœurante expression des nazis, « se toucher »…
Peut-on craindre le retour d’une telle barbarie ? La séquence d’ouverture de cette bande dessinée nous invite à nous poser la question : avant d’aller interroger Andreas, les jeunes lycéens chahutent dans la rue et se lancent des vannes sexistes et homophobes, évidemment sans fondement, mais imaginons ces clichés montés en épingle par un parti politique d’extrême droite dans une période troublée ? Sur quoi tout cela pourrait-il déboucher ?
Beaucoup d’Allemands pensaient que le gouvernement d’Hitler ne tiendrait que quelques mois… En Italie , à la même époque du fascisme triomphant, il fut proposé de s’aligner sur les lois d’exception de l’Allemagne nazie, ce à quoi Mussolini, niant l’existence des homosexuels, répondit en organisant un système de confinement qui nous est présenté dans le livre de Luca De Santis et Sara Colaone en Italie, il n’y a que des vrais hommes (Dargaud).
En Italie, il n’y a que des vrais hommes
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Deux jeunes journalistes y interrogent Antonio, survivant des camps de détention : une chaude bichromie et un dessin très doux exaltent l’émotion qui nous saisit à la lecture de ce témoignage simple et pudique…