Thierry Le Luron censuré par sa famille

LePoint.fr
Vingt-cinq ans après la mort du regretté Thierry Le Luron, Un jour, un destin, le magazine de Laurent Delahousse sur France 2, évoquait, vendredi soir, ses derniers mois et sa carrière fulgurante. Triste documentaire sur la solitude de l’imitateur surdoué, chouchou du public dans les années 70-80. Mais les téléspectateurs n’ont eu droit qu’à de semi-vérités ainsi qu’à un ensemble de périphrases pour éviter de prononcer les mots “sida” et “homosexuel”… En effet, la famille de Thierry Le Luron n’a accepté de témoigner qu’à cette condition et Laurent Delahousse s’est donc prêté à ce pénible slalom entre les mots tabous. Seul Mgr Di Falco évoque le sida, mais seulement comme une “rumeur” accompagnant les derniers mois de Thierry Le Luron et contre laquelle l’humoriste lutta vainement.

Ainsi, pour éviter de prononcer le nom de la maladie, Delahousse use d’une formule allusive : “un virus identifié trois ans plus tôt”… Philippe Bouvard, appelé à témoigner, évite d’évoquer clairement l’homosexualité de l’humoriste en glissant qu’il n’avait pas, quant à lui, la même “complicité” avec Jacques Chazot… Cette délicate attention sonne étrangement aujourd’hui alors que l’homosexualité n’est plus perçue comme un moignon qu’il faudrait cacher. Comme si ce Un jour, un destin était resté figé dans les tabous d’une époque révolue.

Thierry Le Luron a donc vécu caché toute sa vie. On a découvert vendredi soir qu’il n’avait également pas dévoilé sa vie privée à sa famille. Le fait que, même 25 ans après son décès, Thierry Le Luron n’ait toujours pas le droit à sa vérité rend les choses encore plus tristes. À quoi bon, dans ce cas, vouloir raconter une histoire tronquée ?

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Roger-Luc Chayer Journaliste et éditeur de Gay Globe TV et de la Revue Le Point
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