Par Roger-Luc Chayer
Photo Héma-Québec/GGMag
Dans un jugement datant de la fin août 2010, la juge Catherine Aitken, de la Cour supérieure d’Ontario, dans l’affaire de Kyle Freeman contre la Société canadienne du sang, rendait un jugement historique confirmant que les homosexuels du Canada ont un statut différent des autres canadiens et que du simple fait de leur homosexualité, qu’ils aient des relations sexuelles ou pas, les rend totalement inaptes à donner leur sang.
Voilà qui a au moins le mérite de mettre les cartes sur la table une fois pour toutes. Les homosexuels, selon le Tribunal, sont des sous-canadiens qui, potentiellement, peuvent mettre la vie en danger des autres canadiens, supérieurs eux, alors que tous les autres groupes sociaux et culturels sont considérés comme admissibles en général au don de sang. Il faut bien comprendre ce que signifie ce jugement. Au Canada, une personne homosexuelle qui vit en couple stable depuis 30 ans ou une autre qui serait abstinente et célibataire depuis 30 ans seraient considérés comme des dangers en donnant leur sang alors qu’une personne hétérosexuelle qui aurait des relations sexuelles 5 à 7 fois par semaine avec des partenaires différents, qui n’utiliserait pas le condom et qui serait exposée quotidiennement aux risques du VIH et aux hépatites est, quant à elle, autorisée à donner de son sang, étant considérée comme sécuritaire.
Il y a certainement quelque chose d’illogique direz-vous dans ce jugement. Pourtant, c’est la réalité et selon la Canadian AIDS Society et Egale Canada, ce raisonnement est inacceptable puisqu’il perpétue la discrimination spécifiquement envers l’homosexualité alors que scientifiquement, ce sont les comportement sexuels qui constituent le vrai danger, non l’appartenance à un groupe social.
La Société canadienne du Sang et Héma-Québec trouvaient donc dans ce jugement le moyen d’exclure les personnes homosexuelles légalement du don de sang. Ce que ne disent pas les deux organisations par contre, c’est que l’argent des gais quant à lui reste important et ils ne se privent pas pour le solliciter. Il s’agit d’un abus moral qu’il faut comprendre: La Société canadienne du sang et Héma-Québec veulent l’argent rose d’un côté mais de l’autre, considèrent les homosexuels comme des sous-canadiens. Sous prétexte de venir en aide aux sinistrés canadiens et québécois, lire les “être supérieurs” qui ont droit de faire des dons de sang, les sociétés de gestion du sang mettent leurs principes d’exclusion de côté pour se livrer au plus vieux métier du monde avec l’argent rose, la prostitution financière avec leurs fondations.
Cet argent, qui provient pourtant de personnes que la SCS et Héma-Québec considèrent comme sales du fait de leur appartenance à la communauté gaie, devient soudainement propre quand c’est le temps de payer les directeurs et les employés de leurs sociétés. Masochistes les gais pour payer le personnel de sociétés qui les discrimine?
L’argent des personnes homosexuelles est pourtant sollicité par ces organisations et il est clair, particulièrement suite au jugement Aitken, que ces sociétés ont des critères incohérents face à l’homosexualité et que nous avons le devoir moral et collectif de mettre un terme à ces discriminations. Si ce n’est par la loi, ça sera par l’argent. En refusant tout don dorénavant à ces organisations, les personnes homosexuelles enverront un message puissant qui fera peut-être une différence.