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MA VIE EN PRISON Le début de la fin!

Friday, November 29th, 2013

Stéphane G.

Au moment où j’écris ces lignes, il ne me reste que 60 jours avant la fin de ma sentence. Et les exigences de publication font en sorte que lorsque les lecteurs de Gay Globe liront cette chronique, je serai très près de ma sortie du «Department of Corrections» de l’État de la Floride, possiblement quelque part en attente des procédures de déportation au Canada.

Je suis extrêmement fébrile. Après plus de 10 ans d’incarcération au Québec et en Floride, j’ai peine à croire que tout cela s’achèvera bel et bien au cours des prochains jours. Très bientôt je retrouverai cette chère liberté qui me permettra à nouveau de pouvoir choisir, CHOISIR! Un mot que j’avais presque oublié.

J’aurai passé les 10 dernières années à ne pas avoir le choix. Ne pas choisir quoi et quand manger. Ne pas choisir avec quoi me vêtir, ni à quelle heure j’éteignais la lumière pour aller me coucher, ni quand je la rallumais pour me lever. Ne pas choisir où aller et venir, ni quand me rendre à la cantine ou dans la cour de récréation. Tous mes choix étant dictés jour après jour par les autorités de la prison. Le seul choix qu’on m’aura laissé est celui de réagir devant ces manques de choix. Et la perspective d’avoir bientôt à faire face à une innombrable possibilités de choix m’apparaît quelque peu dérangeant, même apeurant. Je m’apprête à «ré-entrer» dans la société. Une expression un peu froide, même clinique à première vue, mais quand on y pense bien, c’est sûrement le meilleur terme. Cela me rappelle que de retourner dans la société après un séjour en prison, c’est un peu comme la navette spatiale revenant sur Terre après un voyage dans l’espace. Tout le monde a entendu dire que la phase de «ré-entrée» est la plus dangereuse de tout le voyage spatial.

Bien des choses risquent de mal tourner pour la navette à ce moment-là. Elle peut descendre trop vite et se consumer dans l’atmosphère. Elle peut s’écraser sur Terre à la moindre erreur de calcul. Pour qu’une «ré-entrée» soit réussie, le plan doit être bien pensé. Un plan sécuritaire qui assure un retour à la maison sans problème ou ombrage.

C’est un peu la même chose pour un détenu retournant dans la société. Après un certain temps d’incarcération, nous ne sommes plus ajustés à l’atmosphère du monde extérieur.
Nous pouvons faire les choses trop rapidement ou impulsivement, sans calcul et tout simplement nous écraser en nous consumant. Chaque détenu retournant à la maison a besoin de deux choses: Une profonde vision d’espoir et des attentes réalistes. L’espoir sans attentes réalistes n’amène que des pensées mélancoliques suivies de déceptions. C’est pourquoi depuis plusieurs mois, voire même quelques années, j’ai commencé à me préparer à mon retour en société.

À ce jour, la planification de mon retour au Québec va bon train. Je sais où et avec qui je vais habiter. J’ai déjà un travail qui m’attend et je sais exactement de quoi sera fait le premier jour de mon arrivée.

Lors du dévoilement de ma véritable identité et grâce à l’aimable collaboration de Roger-Luc Chayer, éditeur de Gay Globe Magazine, j’accorderai une entrevue TV en profondeur qui me permettra d’expliquer au grand public les raisons de mon incarcération. Une confession libératrice des crimes commis qui m’auront valu plus de 10 années d’emprisonnement. Cela me permettra de remettre certains pendules à l’heure et de pouvoir passer à autre chose l’âme en paix. Cette préparation m’est possible grâce au temps qui m’est accordé ici en prison. Le temps est un luxe que j’ai choisi d’utiliser à bon escient. J’ai choisi d’utiliser mon temps pour m’améliorer, approfondir mes connaissances intérieures et extérieures, acquérir sagesse et perspicacité et pour me bâtir une force physique et émotionnelle que je ne possédais pas auparavant.

Je me suis demandé de quelle façon je voulais revenir parmi «le monde». Est-ce que j’allais devenir un homme responsable de ses gestes, de ses pensées, de ses émotions et de ses relations avec les autres?

La préparation de mon retour n’est que la partie agréable de ce voyage. La prochaine étape sera de mener mon rêve à la réalité. C’est à ce moment-là que tout ce que j’aurai appris et assimilé durant ces dernières années sera mis à rude épreuve. Mais ma vision est claire. Mon plan est ferme, spécifique, atteignable et mesurable. Plus que jamais, je suis déterminé à réussir ce retour à la liberté tant souhaitée. Au risque de faire cliché, je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que plus jamais je ne reviendrai en prison, du moins, pas comme détenu.

Un ami m’a dit un jour que l’on reconnaissait la grandeur d’un homme à sa façon de se relever après être tombé. Et bien, ouvrez grand vos yeux et regardez-moi me relever car comme le chantait si bien notre diva nationale Diane Dufresne, je n’ai qu’une chose à vous dire: «Tiens-toé ben, j’arrive!».

NDLR: Il a été convenu depuis longtemps avec Stéphane G. que son identité serait révélée exclusivement lors d’une émission diffusée sur Gay Globe TV et tournée dès son retour, une sorte de documentaire sur ce qui a mené Stéphane à purger une si longue peine. Il a aussi été décidé de supporter Stéphane dans sa «ré-entrée»…

CHRONIQUE EN PRISON Nous éprouvons quelques délais supplémentaires…

Sunday, October 27th, 2013

Stéphane G.

Alors que je me prépare mentalement à être relâché et à rentrer au pays, voilà que j’apprends que l’immigration américaine vient d’émettre un ordre de détention contre moi!

Cela signifie qu’à ma date de remise en liberté, vers janvier 2014, je serai attendu à la grille par des agents d’immigration américains qui auront la tâche de m’escorter vers un des établissements fédéraux d’immigration de la Floride où je serai à nouveau détenu en attente des procédures de déportation vers le Canada.

Impossible de savoir où je serai détenu ni pour combien de temps. Tout ce que j’ai réussi à savoir, via le Consulat du Canada à Miami, c’est qu’il y aura des délais minimum d’une semaine mais que ça peut aussi aller jusqu’à un mois. Une fois passé devant le tribunal de l’immigration, le juge pourra soit ordonner ma déportation ou encore me permettre de rentrer au Canada par mes propres moyens avec un délai maximal pour m’exécuter. Mais je ne me fais pas d’illusions, comme pour les 220,000 autres détenus de l’an passé, ma déportation sera probablement ordonnée. Une fois l’ordre prononcé, on me ramènera à un centre de détention pour immigrants illégaux où je devrai attendre patiemment que l’on veuille bien me ramener au Canada. Là encore, impossible de savoir combien de temps ça pourrait prendre. On me parle d’une durée pouvant aller de 2 semaines à 3 mois après mon audition. Imaginez!

Inutile de vous dire que je ne suis pas très heureux de tout cela parce que j’ai entendu toute sortes d’histoires plus sordides les unes que les autres à propos de ces lieux dits de transition où la salubrité laisserait grandement à désirer.

Je suis aussi préoccupé par la façon dont je serai accueilli dans cette population carcérale par certaines personnes qui ont pour origine un pays où on condamne les homosexuels… Et pire, j’apprenais par le consulat que je pouvais être déporté n’importe où au Canada, pas nécessairement dans ma ville d’origine. Je pourrais donc théoriquement atterrir à Trudeau mais aussi à Toronto, Vancouver ou Halifax. Je dois donc me résoudre à l’inévitable et voir le côté positif à tout cela. Si je dois rester ici encore quelques semaines, moi qui déteste l’hiver, ça me fera toujours quelques jours de plus sous le chaud soleil de Floride, loin de l’hiver québécois. Mais entre la prison et la liberté dans la froidure, je préfère de loin «mon pays ce n’est pas un pays c’est l’hiver»!

Chronique: En prison… Homosexualité de circonstance

Wednesday, July 24th, 2013

Stéphane G.

Récemment, pendant une discussion de groupe portant sur les conditions de détention et le comportement des détenus face à ces conditions, j’ai eu l’occasion d’entendre un nouveau terme qualifiant les relations sexuelles entre prisonniers: l’homosexualité de situation!

Ce terme aurait pour but d’expliquer, si ce n’est d’excuser, le pourquoi des activités homosexuelles en milieu carcéral. L’explication donnée serait que les détenus ont des relations entre eux simplement du fait de la promiscuité et de l’impossibilité de trouver des partenaires féminins. Ayoye! Encore de la psycho à 5 cents! Je me suis quand même posé la question: Et si je me retrouvais emprisonné sur une île peuplée que de femmes, pourrais-je devenir victime d’hétérosexualisme de situation? Est-ce que le fait d’être privé de partenaires masculins ferait en sorte que j’accepterais d’avoir des relations avec des femmes, même temporairement?

Malgré tout le respect que je porte au sexe féminin, je dois admettre que je n’y suis aucunement attiré sexuellement, je deviendrais probablement 100% auto-sexuel. J’ai souvent parlé ici d’homosexualité en prison et je sais très bien qu’un détenu qui se déclare hétéro, même s’il a des relations sporadiques avec des hommes, a probablement déjà un antécédent homosexuel, possiblement bien enfoui je le conviens…

Il y a bien évidemment des détenus qui sont à 100% hétéros, ils n’ont aucune relation avec qui que ce soit pendant leur séjour et sont parfois très homophobes. Il y a ceux qui ont des relations homos mais qui ne “s’associent” qu’avec des gais efféminés dans le but de perpétuer ou de tenter de reproduire l’image traditionnelle d’une relation homme/femme. Tôt ou tard, l’illusion fait place à la réalité, plus ou moins facile à accepter pour eux car il y a le jugement des autres, celui des gardiens aussi.

En prison, tout est une question d’image, celle que l’on veut montrer aux autres. Est-ce qu’il est possible de devenir homosexuel à cause d’une situation particulière?

Personnellement je ne le crois pas. Les circonstances peuvent susciter l’éclosion d’une homosexualité refoulée. On peut toutefois décider de devenir hétéro dans le but d’être accepté par ses parents, ses amis, la société ou par principes religieux mais là encore, combien de mariages hétéros ont été brisés à la suite d’une “sortie du placard” tardive d’un des époux?

Tout est une question d’acceptation de soi et de capacité à faire la paix avec sa conscience. Acceptes-toi et tu accepteras les autres! Comprends-toi et tu comprendras les autres. Aimes-toi et tu aimeras les autres peu importe la sexualité ou l’orientation affective du moment!

Judiciaire: Ma vie en prison aux USA…

Saturday, January 23rd, 2010

Les programmes de réhabilitation au sein du “Department of Corrections” de Floride sont quasi inexistants. Le principal programme conçu dans le but de punir les détenus consiste à les faire travailler sans rémunération.

Il n’est pas question d’inculquer aux détenus les valeurs du travail et de l’argent, comme pour tout le monde dans une société normale. Les détenus aux États-Unis apprennent que le travail peut être ennuyant, dégradant et surtout pas payant. Refuser de travailler nous conduit directement en détention avec un rapport disciplinaire sur le dos.

Différents emplois sont offerts aux détenus tant aux cuisines qu’à la buanderie, à l’entretien ménager, à la bibliothèque ou au département médical.

Tous ces emplois ne sont pas rémunérés, ne procurent peu ou pas d’avantages et sont considérés comme partie intégrante au plan de réhabilitation du détenu. Le seul emploi qui offre une rémunération est celui d’opérateur de cantine qui rapporte 75$ par mois au détenu.

Les détenus n’ont pas le choix quant au travail qui leur est assigné. Notre emploi est déterminé par l’équipe de classification avec l’objectif de répondre aux besoins de la prison et non de ceux des détenus. Seules certaines limitations physiques peuvent être prises en compte dans la détermination, par exemple une personne ne pouvant rester debout suite à une opération au dos ne sera pas assignée à un poste debout.

Dans mon cas, étant séropositif, j’ai toujours été assigné à un travail d’entretien dans les dortoirs. Maximum une heure par jour plus ou moins. Or, en novembre dernier, la prison décidait de prendre le virage vert et de se lancer dans l’agriculture. Avec neuf autres détenus, on m’a assigné au poste de fermier. Tout se fait à la main en prison par sécurité, inutile de vous dire que le poste est exigeant et vu les effets secondaires liés à ma prise de trithérapie et l’impossibilité d’avoir accès aux toilettes lorsque je suis sur la “terre”, j’ai dû cesser de prendre mes médicaments.

Lorsque j’ai demandé un rendez-vous avec un médecin, vu le risque que je prenais avec ma santé, on m’a répondu qu’il y avait pénurie et qu’une rencontre n’était pas possible sauf si je payais un supplément de 5$ pour un médecin d’un autre programme.

La prison est à cours de médecins lorsque je demande un rendez-vous mais si je paie 5$, no problem! Comme quoi même en prison, “money talks” et comme le disait si bien Bob Gratton, “Les amarécains ils l’ont l’affaire”…

Le travail c’est la santé, pas en prison!

Enfin un
premier
mariage gai en Chine
Par : AFP

L’homosexualité a connu une nouvelle avancée en Chine mercredi avec la publication en “une” du quotidien officiel China Daily d’une photo du premier “mariage” homosexuel dans le pays.

L’union entre Zeng Anquan, un architecte divorcé de 45 ans, et Pan Wenjie, un soldat démobilisé de 27 ans, a eu lieu le 3 janvier dans un bar gay de la ville de Chengdu (sud-ouest). La Chine ne reconnaît toutefois pas les unions homosexuelles.

Le bonheur des jeunes mariés n’était toutefois pas complet, leurs familles ayant refusé d’assister à la cérémonie.