L’AFFAIRE FUGUES/PJC Les dessous d’une affaire de sexe et de Média

Par: Roger-Luc Chayer

Il y a quelques semaines, une sorte de scandale se manifestait, propulsé par la colère des gens de Fugues à l’idée de ne plus pouvoir voir la distribution de leur guide dans les pharmacies Jean Coutu du Québec.

Selon l’article publié par Fugues au moment des faits, il s’agissait d’une décision finale de la part du premier groupe pharmaceutique québécois qui reposait sa décision sur la très (lire trop) grande place faîte à la nudité et au contenu sexuel dans les pages du guide Fugues.

Tant du côté de Jean Coutu que de celui de Fugues, on parlait uniquement des images de mecs souvent dénudés dans le cadre d’une publication offerte au grand public et accessible à tous.

Mais personne n’avait parlé jusqu’ici des autres éléments pouvant mener PJC à vouloir retirer ces revues. Examinant l’édition de septembre d’un peu plus près, voici ce qu’on pouvait y découvrir entre les pages 160 à 172 dans les diverses petites annonces:
Ésotérisme: 1 médium
(Illégal au Canada)
Esthétique: 1 escorte
Massothérapie non-sexuelle: 58 annonces dont 50% annoncent sur d’autres sites d’escortes et proposent des services sexuels en extras.
Massage naturiste: 3 offres de services sexuels.
Massothérapie non-sexuelle en région: 4 annonces.
Massage région: 3 annonces, services sexuels.
Divers: 1 escorte.
Massage érotique: 15 annonces, services sexuels.

Escortes: 11 annonces, services sexuels complets.

Au total, 96 annonces offrent des services sexuels plus ou moins explicites contre rémunération. Est-ce qu’il était donc raisonnable pour Jean Coutu de conclure que cette publication comportait des éléments sexuels? Il est raisonnable de le croire. La réaction de Jean Coutu pouvait s’expliquer un peu comme pour la vente de cigarettes, autrefois autorisée dans les pharmacies mais dénoncée par les autorités de la santé publique comme une pratique incompatible avec le rôle et la mission d’un pharmacien. En effet, il était illogique de vendre un produit causant assurément le cancer et, au fond du couloir, de la chimiothérapie pour lutter contre ce cancer.

Quand on connaît les troubles sociaux engendrés par la prostitution, la consommation de drogues qui y est souvent associée, la transmission de maladies comme les Hépatites ou le VIH/SIDA de même que l’exploitation des humains et possiblement des mineurs associée à la prostitution déguisée en massothérapie, massages et escortes à gogo, la question soulevée par la réaction de PJC était plus que légitime. Et tout cela sans oublier que Fugues tire profit financièrement de la publication de telles annonces, Jean Coutu avait certainement le droit de se questionner sur l’image projetée mais, après avoir été menacé par le Rédacteur en chef de Fugues de représailles importantes, la chaîne est finalement revenue, pour le moment, sur sa décision…


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