Québec : évaluation du niveau de risque de transmission du VIH

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Québec : évaluation du niveau de risque de transmission du VIH

L’Institut national de santé publique du Québec, appuyé par un avis du Ministère de la Santé et des Services sociaux, vient de publier un consensus sur le niveau de risque de transmission du VIH au sein des couples sérodifférents lorsque le ou la partenaire a une charge virale indétectable.

Le 19 juin 2014, l’Institut national de santé publique du Québec, appuyé par un avis du Ministère de la Santé et des Services sociaux, a publié “Consensus d’experts : charge virale et risque de transmission du VIH”. Ce consensus stipule qu’à charge virale indétectable et sous certaines conditions, le risque de transmission du VIH au sein des couples sérodifférents, qu’ils soient de même sexe ou non, est réduit à un niveau qualifié de “négligeable ou très faible” pour des activités qui étaient précédemment considérées à risque élevé. Les activités visées par ce consensus sont les relations orales et les relations anales ou vaginales sans condom. Pour s’assurer que le niveau de risque soit “négligeable ou très faible”, six conditions doivent être respectées :

1 – Partenaires stables et exclusifs
Le couple doit être formé depuis au moins trois mois. La stabilité et l’exclusivité servent à éliminer l’incertitude d’exposition à d’autres ITSS (infections sexuellement transmissibles) qui, selon les données scientifiques actuelles, augmentent le risque d’infection au VIH. Pour l’instant, le risque de transmission du VIH chez les personnes séropositives qui ne sont pas en couple n’est pas pris en compte, car il n’existe aucune donnée scientifique sur le sujet.

2 – Aucune autre infection transmise sexuellement ou par le sang (ITSS)
Les irritations et lésions offrant des portes d’entrée au virus, la présence d’une ITSS peut avoir un impact sur la charge virale et sur les possibilités de transmettre ou de contracter le VIH. Il est donc clair que l’absence d’ITSS offre la certitude d’un risque négligeable ou très faible de transmission du VIH.

3 – Le partenaire séropositif a une charge virale indétectable sur au moins deux mesures consécutives sur une période de six mois
L’exigence de tests consécutifs sur une période définie sert à s’assurer que la charge virale reste toujours indétectable. S’il y a une virémie intermittente (ou “blip” dans le jargon médical), on remet le compteur des mois d’indétectabilité à zéro à partir de la prochaine mesure indétectable. Entre temps, le port du condom sera probablement recommandé au couple.

4 – Le partenaire séropositif a un taux d’adhérence aux médicaments de 95 % ou plus
95 % est le taux d’adhérence requis pour que le virus ne développe pas de mutations qui entrainent une résistance d’une ou plusieurs molécules du traitement anti-VIH. Cette résistance à une ou plusieurs molécules entraine une augmentation de la charge virale et donc du risque de transmission du VIH. Ce qui veut dire qu’une personne ayant un traitement à une dose par jour ne peut oublier de prendre plus d’une dose par mois ou encore de ne pas la prendre à la même heure chaque jour.

5 – Les deux partenaires ont un suivi médical régulieravec dépistage d’ITSS, mesure de charge virale pour le partenaire séropositif et dépistage du VIH pour le partenaire séronégatif
Cette exigence assure un suivi médical efficace en permettant de détecter très tôt toute ITSS, variation de la charge virale ou transmission du VIH au partenaire séronégatif. Par ailleurs, cette condition permet de responsabiliser chacun des partenaires sur l’importance de préserver son état santé.

6 – Les deux partenaires ont un counseling approprié et régulier qui touche les conditions énumérées précédemment, la réduction des risques, le port du condom et, pour le partenaire séropositif, les aspects légaux et les conséquences possibles de la non-divulgation du statut sérologique à son partenaire
Le counseling sert à offrir aux partenaires des opportunités de s’informer et de valider leur compréhension des éléments nommés dans cette condition. À long terme, ces suivis permettront aussi de communiquer les nouveaux développements scientifiques qui peuvent affecter leur évaluation du risque lors de leurs activités sexuelles. Notons que dans le cas d’un couple qui respecte l’ensemble de ces conditions, il ne peut pas être question de non dévoilement étant donné que la personne séronégative connaît le statut de son partenaire.

Si une seule de ces six conditions n’est pas respectée, il n’est pas possible alors d’assurer que le risque de transmission du VIH reste “négligeable ou très faible”. Par ailleurs, ce consensus ne remet pas en question la sécurité du condom, ce dernier étant toujours un outil de prévention très efficace. Cependant, il permet, ce qui est une très grande avancée, aux couples sérodifférents de mettre en place des stratégies de prévention qui conviennent à leur situation, que celles-ci incluent ou non le condom.

Qu’est-ce qu’un risque de transmission “négligeable ou très faible” ?
Selon ce consensus, les activités sexuelles concernées présentent toujours un potentiel de transmission du VIH. Le risque de transmission étant associé à l’échange de liquide organique (sperme, liquide prééjaculatoire, sécrétions vaginales, sang ou lait maternel), la faible quantité de ces liquides ou de virus dans ces liquides ainsi que le médium d’échange semblent permettre de limiter grandement le risque de transmission.


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