La circoncision: oui pour prévenir l’infection au VIH, mais pas toute seule

Romandie.com

ROME – Les effets favorables de la circoncision pour la protection des hommes contre le VIH ont été étayés mercredi à Rome par la publication de trois études montrant qu’elle diminue fortement la probabilité de transmission sans encourager pour autant les comportements à risque.

Nombre de chercheurs ont rappelé avec force à cette occasion que ce moyen de prévention, comme d’autres, devait être utilisé en combinaison, et pas tout seul.

Sous l’égide de Agence française de recherches sur le sida (ANRS), Bertran Auvert, un épidémiologiste de l’Inserm, et son équipe ont voulu confirmer dans le monde réel des résultats obtenus lors d’études antérieures conduites dans plusieurs pays d’Afrique il y a quelques années. Elles avaient conclu à une baisse du risque d’infection de 60% pour les hommes hétérosexuels, mais pas à une protection chez les femmes.

Ils se sont installés il y a trois ans dans un bidonville de la banlieue de Johannesburg, Orange Farm, une zone à très forte prévalence de l’infection : à 35/39 ans, 40% des hommes non circoncis sont infectés par le VIH, et 45% des femmes.

50% des hommes de ce bidonville, soit plus de 20.000 personnes, ont répondu à une campagne massive en faveur de la circoncision, avec interventions à la radio ou par haut-parleur, porte-à-porte, affichettes dans les stations de taxis ou les centres de santé…

A mi-parcours de l’étude, ils ont constaté qu’il n’y avait pas de différence de comportement sexuel entre hommes circoncis ou non : même utilisation de préservatifs (34%), même fréquence de relations sexuelles, autant de partenaires…

Ce que confirme une autre étude réalisée auprès de 2.200 hommes de 18 à 35 ans dans la province de Nyanza, au Kenya, où les hommes circoncis, six mois après l’opération, n’avaient pas de conduite plus à risque que ceux qui ne l’étaient pas.

Bertran Auvert a relevé surtout que chez les hommes circoncis il y avait 76% de moins d’infections, et que si aucun homme n’avait été circoncis dans cette communauté pendant cette période, le nombre de nouveaux cas d’infection aurait été de 58% plus élevée.

Selon le chercheur, les femmes, qui ne sont pas protégées directement par la circoncision de leur partenaire, devraient bénéficier indirectement de la réduction du risque.

C’est la première fois qu’une étude au niveau mondial montre qu’un programme de prévention entre adultes hétérosexuels marche dans le monde réel, s’est-il réjoui auprès de l’AFP.

Il a relevé que la circoncision n’intervenait qu’une fois dans la vie, était peu coûteuse (40 euros), et était de plus en plus acceptée socialement.

Selon une autre étude conduite par des chercheurs ougandais sur quelque 300 hommes de leur pays, la circoncision procurerait en outre aux hommes davantage de satisfaction sexuelle.

Selon l’hypothèse communément admise, l’effet protecteur de la circoncision s’explique par la présence sur la surface interne du prépuce de cellules de Langerhans, facilement infectées par le VIH.

Nombre de chercheurs, à Rome, ont insisté cependant sur le fait que la circoncision devait être complémentaire d’un autre moyen de prévention.

Arrêtons de penser qu’un outil de prévention va suffire, a souligné Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008.

Si on veut diminuer l’incidence de l’infection dans le monde, ça ne va pas être la circoncision toute seule, les préservatifs tout seuls, le traitement comme prévention tout seul : c’est un ensemble, dont font partie aussi l’éducation et la lutte contre la stigmatisation, a-t-elle expliqué à l’AFP.

Il ne faut pas se leurrer, même quand on aura une possibilité de +cure+ (rémission), ce que j’espère, même quand on aura un vaccin, ce ne seront que des outils supplémentaires à rajouter dans le circuit.


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