Plainte Gilles Proulx et CKAC
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Montréal, le 5 septembre 1999
OBJET: Plainte de Monsieur Pierre Chouinard contre Monsieur Gilles Proulx de CKAC
COMMUNIQUÉ
Lors de son assemblée régulière du 3 septembre 1999, le Conseil de Presse Gai du Québec a étudié une plainte contre Monsieur Gilles Proulx de CKAC suite à la diffusion d’un certain nombre de propos offensants le 19 juillet 1999. D’après le plaignant, l’extrait contenait un certain nombre de propos préoccupants sur la communauté gaie et lesbienne dans son ensemble.
Dans sa plainte, le demandeur écrit: «La présente est pour porter plainte contre Gilles Proulx pour des propos haineux qu’il a tenus sur les ondes de CKAC… parce que je crois que ce qu’il a dit est une incitation flagrante à la haine contre les homosexuels. Si suggérer d’envoyer les “maudites tapettes” se faire tuer à la guerre plutôt que de donner du sang à Héma-Québec n’est pas une incitation à la haine, je ne sais pas ce qui le sera».
Le plaignant dépose avec sa plainte une cassette contenant les propos en question et une transcription qui résume ainsi les propos de Monsieur Proulx:«…Vous avez vu aussi cette belle tapette qui, au nom de la liberté, ah ah ah (sur un ton efféminé) “on est dans un pays de liberté icitte, bon, ah oui moi je vaux y aller, je veux donner du sang à tout prix”, oui mais on n’accepte pas les tapettes, oui parce que vous avez des relations entre vous autres dans le derrière (sur un ton efféminé) ça fait rien, au nom de la liberté… Mais si tu veux donner du sang, ma maudite tapette, on va t’envoyer sur un champ de guerre, tu donneras ton sang pour la patrie au moins, ça va être beaucoup plus utile sans doute».
Le 4 août 1999, Monsieur Proulx était informé de l’existence de cette plainte et était invité à nous expliquer sa position en nous donnant sa version de l’événement. Monsieur Proulx, à la réception de notre courrier, a commenté la situation sur les ondes de CKAC, en direct, ne permettant pas malheureusement à tous les membres du Conseil d’entendre cette explication.
Devant la collaboration de Monsieur Proulx, le Conseil a décidé exceptionnellement d’écrire à nouveau à Monsieur Proulx et de lui demander une copie audio ou une transcription de son commentaire pour compléter le dossier.
Monsieur Proulx a alors choisi d’inviter Roger-Luc Chayer, secrétaire du CPGQ, à l’émission et de répondre à ses questions en direct, pendant le Journal du Midi, ce que le Conseil a accepté à l’unanimité.
Quelques jours plus tard, le secrétaire du CPGQ accordait une entrevue à Monsieur Proulx d’une durée de plus de 7 minutes. Cette entrevue, cordiale et ouverte, a été enregistrée et soumise en guise de réplique aux membres du Conseil grâce à la collaboration de Madame Kim Larouche, recherchiste du mis en cause Proulx.
Le Conseil a d’abord statué sur la recevabilité de la cassette comme réplique, ce qui a été accepté et a ensuite débattu longuement de la plainte de Monsieur Chouinard.
D’abord, il semble évident à tous les membres du CPGQ que les propos à l’origine de la plainte sont injurieux, haineux, portent au ridicule et sont irrespectueux pour les gais et lesbiennes du Québec.
Toutefois, la collaboration de Monsieur Proulx dans cette affaire ne doit pas être négligée, surtout que cette collaboration comportait un élément de réparation important et un engagement ferme. En effet, dans la conversation en direct sur les ondes de CKAC avec le secrétaire du CPGQ, Monsieur Proulx a déclaré ne pas avoir voulu faire mal aux homosexuels et disait faire une différence entre les tapettes et les homosexuels. À la fin de l’entrevue, Monsieur Proulx s’est engagé fermement, devant tous ses auditeurs, à ne plus répéter de tels propos d’ici la fin de sa carrière.
Le Conseil a considéré l’explication et les engagements de Monsieur Proulx dans sa décision. Comme le plaignant souhaitait une rétractation, des excuses et la non répétition de tels propos, nous sommes d’avis que le plaignant, grâce à l’intervention du CPGQ et à la collaboration de Monsieur Proulx, a obtenu ce qu’il souhaitait.
Lors du vote, le Conseil a décidé à la majorité de NE PAS BLAMER Monsieur Gilles Proulx tout en constatant une dissidence importante (2 non, 1 oui et une abstention).
Les commentaires du Conseil se résument ainsi:
-Quant au vote d’abstention, le membre considère que les propos méritent un blâme sévère mais considère les excuses et les engagements comme positifs;
-Quant au vote POUR un blâme, le membre affirme que ce qui a été dit a été dit et que les excuses ne sont pas à la hauteur de la gravité des propos. Monsieur Proulx ne devrait jamais utiliser un tel ton pour faire valoir son propos autrement légitime;
-Quant aux deux votes CONTRE le blâme, les membres considèrent que le rôle du CPGQ est d’éduquer et de conscientiser les responsables de l’information sur une réalité qu’il ne connaissent pas toujours. À l’audition de l’entrevue entre Messieurs Proulx et Chayer (CPGQ), les membres considèrent que le plaignant a obtenu gain de cause avant même la réunion du Conseil et que l’engagement mérite d’être considéré.
Le Conseil, devant l’ensemble du dossier, a donc décidé, à la majorité, DE NE PAS BLAMER Monsieur Gilles Proulx.
Il est aussi de l’opinion du Conseil que le plaignant avait le devoir de porter à notre attention ce dossier et qu’il aura sûrement contribué à mieux faire comprendre notre réalité à la population.
Si une partie à ce dossier souhaite faire appel de cette décision en soumettant de nouveaux documents susceptibles de changer la décision, la demande, accompagnée des documents pertinents, doit arriver aux bureaux du CPGQ dans les 14 jours de la présente.
Pour connaître le mandat du Conseil de Presse Gai du Québec et nos procédures en général, nous vous invitons à visiter notre site web au: https://www.lenational.qc.ca/cpgq.html
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Références: CPGQ
(514) 728-6436