“Entre Allah et moi”: Portraits de musulmans homosexuels (PHOTOS)
Al Huffington Post
L’idée du projet “Entre Allah et moi” a germé dans l’esprit de la photographe Samra Habib il y a quelques années pour “montrer au monde les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) musulmans brillants et créatifs auxquels je m’identifie le plus et avec qui je traine lors d’évènements artistiques, de soirées dansantes et de la prière de Jumu’ah”.
Créé il y a quelques jours et partagé par le site Buzzfeed, le Tumblr “Queer muslim project” regroupe des portraits, vidéos et témoignages de personnes homosexuelles et musulmanes, désireuses de vivre pleinement leur orientation sexuelle et leur religion. (Voir le diaporama à la fin de l’article)
“Oui, nous existons”
“Dans le courant majoritaire de l’islam, les musulmans LGTB ne sont pas toujours les bienvenus. Pourtant, beaucoup des traditions musulmanes et des rituels apportent aux musulmans homosexuels du réconfort et un sentiment d’appartenance”, explique Samra Habib sur son blog.
En photographiant et interviewant différentes personnes à ce sujet, elle met en lumière leur ressenti, leurs expériences, leurs craintes, leurs envies… Un travail qui sera exposé à Toronto à partir du 18 juin, dans le cadre de la WorldPride.
Dali, un des sujets photographiés, a choisi de participer au projet pour mettre en lumière l’existence d’homosexuels musulmans, pour appeler à plus de tolérance et pour parler au nom de ceux qui ne le peuvent pas, “rejetés ou méprisés” par leur communauté, voire même “quotidiennement menacés de mort”.
“Mon professeur de philosophie disait que l’homosexualité est un phénomène ‘occidental’, et que dans le monde arabe de telles ‘personnes libertines’ n’existent pas. (…) A travers l’art, du moins, on dit que oui, on est bien là, et oui on existe bel et bien. On a toujours été là, c’est juste que le monde n’était pas encore prêt pour nous”, raconte-t-il.
Pour Samira, qui a elle aussi posé pour la photographe, il s’agissait de rappeler à une jeunesse tiraillée entre les deux qu’il “ne faut pas sous-estimer sa famille et sa communauté”, mais que finalement, “la seule acceptation que vous devez solliciter est la votre.”
Des voix qui s’élèvent
Alors que dans certains pays à majorité musulmane, les homosexuels font l’objet d’une véritable chasse aux sorcières, lynchés ou condamnés à la peine capitale pour leur orientation sexuelle, de plus en plus de voix s’élèvent à travers le monde au nom des LGBT musulmans.
Il y a par exemple la multiplication des sites, forums et blogs tels que “I am not haram” (“Je ne suis pas haram”), “You know you’re a queer muslim when” (“Vous savez que vous êtes un homosexuel musulman quand…”), ou encore “Queer muslims” (“Homosexuels musulmans”).
Il y a eu aussi Daayiee Abdullah, le premier imam ouvertement gay d’Amérique qui assume pleinement son homosexualité et qui n’hésite pas à unir des couples de même sexe. “Nous pouvons avoir des différences d’opinion, ce n’est pas grave: être humain est synonyme de différences. Mais cela ne veut pas dire que nous devons nous détester”, est sa philosophie de vie.
Et puis il y a Ludovic-Mohamed Zahed, son association d’aide et de défense des Homosexuels musulmans de France (HM2F), et sa mosquée dite “inclusive”, ouverte à tous, homosexuels, hétérosexuels, transgenres, hommes, femmes.
Homosexuel, musulman et séropositif, Ludovic-Mohamed fait de sa vie et de son identité un combat pour “briser un tabou”. Il s’est d’ailleurs rendu-compte, après s’être intéressé à d’autres religions, que “la misogynie et l’homophobie sont partout les mêmes”.