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Une étude de l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les Hépatites Virales (ANRS) en partenariat avec les National Institutes of Health (NIH) américains montre que les traitements antirétroviraux du VIH doivent être débutés deux semaines seulement après l’initiation des antituberculeux. Ces travaux menés au Cambodge et publiés dans la revue New England Journal of Medicine vont justifier une révision des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé en 2012. La mise en place rapide de mesures découlant de ces résultats pourrait réduire de 50 à 100 000 le nombre de décès annuels.
Le VIH affaiblit le système immunitaire et rend les malades particulièrement vulnérables aux infections et notamment à la tuberculose. Selon l’OMS, environ 1,37 million de personnes dans le monde sont atteintes par cette double infection responsable chaque année de 456 000 décès, soit environ un quart des décès parmi les patients co-infectés.
Un traitement simultané délicat
Le VIH est parfois dépisté de façon fortuite chez des personnes qui consultent pour une tuberculose. Le traitement des patients co-infectés par le VIH et la tuberculose est toutefois délicatcar chacun des traitements peut provoquer des effets secondaires, il existe des interactions importantes entre les différentes classes de médicaments et le nombre de comprimés à prendre est élevé. Par ailleurs, le traitement simultané des deux infections peut entraîner rapidement une exacerbation des réactions immunitaires (réactions paradoxales). C’est pourquoi l’OMS recommandait en 2009 d’attendre 8 semaines après l’instauration du traitement antituberculeux.
Deux semaines améliorent la survie
L’étude promue par l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les Hépatites Virales (ANRS) et les NIH américains, à laquelle ont participé de nombreuses équipes de l’Institut Pasteur et de l’Inserm, remet en cause ce délai. Les auteurs ont montré que commencer les antirétroviraux de façon précoce après le début des médicaments antituberculeux améliore nettement la survie des patients. Pour cela, 661 patients co-infectés par le bacille de Koch responsable de la tuberculose et par le VIH ont été recrutés dans cinq hôpitaux du Cambodge entre 2006 et 2010. Ils étaient tous immunodéprimés, c’est-à-dire avec un système immunitaire fonctionnant à très bas régime. La moitié d’entre eux a commencé les antirétroviraux deux semaines après les antituberculeux et l’autre moitié huit semaines après. Dans le groupe ayant reçu un traitement précoce le risque de décès a été réduit de 34 % par rapport au groupe ayant reçu un traitement antirétroviral différé.
Révision des recommandations de l’OMS
“Les résultats de cet essai sont clairs et vont justifier une révision des recommandations de l’OMS en 2012, conclut Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS et de l’Institut microbiologie et maladies infectieuses d’Aviesan, pour réduire la mortalité il faut débuter le traitement antirétroviral de façon précoce.”