Homos à l’école Préjugés tenaces… des profs

Les enseignants du secon- daire veulent bien proposer des activités de démystifi- cation de l’homosexualité et du lesbianisme à leurs élè- ves, quoiqu’ils cultivent eux- mêmes quelques préjugés tenaces…
Lorsqu’on leur propose les services de bénévoles gais pour rencontrer les ados, plusieurs professeurs de- mandent que les visiteurs ne soient pas trop «efféminés» ou «tomboys», a constaté Vincent Chouinard, dans le cadre de ses recherches de maîtrise en service social à l’Université Laval. «On veut un homo qui n’a pas l’air…»
«Les professeurs ont très à coeur de lutter contre l’ho- mophobie. [...] Mais, il sem- ble que pour certains, il y ait une espèce d’adhésion implicite aux stéréotypes de genre. Certains de leurs comportements, de leurs perceptions, renforcent les stéréotypes.» M. Chouinard craint qu’en préférant des «bénévoles-démystifica- teurs» dont l’apparence est jugée plus conventionnelle, ils risquent d’accentuer la stigmatisation des gais et des lesbiennes.
«Si on veut que les jeunes arrêtent de se traiter de fif et de tapette à l’école, il faut que la société prenne conscience de son adhéren- ce aux stéréotypes sexuels plus que de son rejet de l’ho- mosexualité, analyse-t-il. Quand les jeunes se traitent de fif ou de tapette, ce n’est pas nécessairement un rejet de l’homosexualité, c’est un rejet du genre.» L’intello, le danseur, la petite gênée, l’original, tous ceux qui sor- tent du lot, qui s’écartent des normes, goûtent aux quolibets.
Les enseignants compren- nent très bien que les ter- mes péjoratifs peuvent blesser. Mais encore faut-il savoir quels mots sont inap- propriés, enchaîne Vincent Chouinard. «Il y a une espè- ce d’ambiguïté par rapport au vocabulaire.»
Tous les profs interrogés s’entendent pour corriger un jeune invectivant son souf- fre-douleur à coups de «fif» et de «tapette». «Mais aucun de mes répondants ne ju- geait que le mot moumoune était homophobe. C’était la même chose pour gouine ou butch [NDLR : deux termes associés aux lesbiennes].»
Les consensus s’effritent également quand vient le temps de déterminer à quel âge les élèves sont «aptes» à participer à une «démys- tification», a-t-il remarqué. «En général, les enseignants pensent que 13, 14 ans, c’est trop jeune. [...] Mais en se- condaire V, il semble que ça vienne un peu tard.»
«L’homophobie est le rejet, la violence envers les per- sonnes associées à l’homo- sexualité, tandis que l’hété- rosexualité, c’est inférioriser les orientations sexuelles qui ne sont pas hétérosexuelles», explique-t-il. Dans la capi- tale, l’organisme commu- nautaire Gris-Québec offre des visites en classe afin de répondre aux questions des élèves : www.grisquebec.org
Pour s’inscrire à des confé- rences, il faut téléphoner au 418 523-5572 ou envoyer un courriel à démystifica- tion@grisquebec.org. Le chercheur Michel Dorais, de l’Université Laval, participe- ra également à la conférence de presse. Il da dévoilé les résultats d’une enquête réa- lisée auprès de quelque 500 jeunes gais et lesbiennes de l’Hexagone.


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