Droits homosexuels: les Etats-Unis frappent l’Ouganda de sanctions

RFI.FR

Les Etats-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions contre l’Ouganda, dont le pouvoir n’est pas revenu sur sa loi discriminante à l’égard des homosexuels. Sont préservées, l’aide humanitaire, directement versée à la population, et l’aide américaine pour la recherche de Joseph Koni, leader de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Mais certains responsables ougandais « responsables de violations des droits de l’homme » sont désormais interdis d’entrée sur le territoire américain, et l’aide financière bilatérale se tarit.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

En mars dernier, Washington a cessé de verser au gouvernement ougandais les fonds destinés à rémunérer certains ministres. Le président ougandais Yoweri Museveni avait alors accepté de recevoir une équipe de scientifiques, censés venir faire de la pédagogie sur l’homosexualité.

Trois mois plus tard, l’avertissement n’ayant pas été suivi d’effet, la Maison Blanche annonce d’autres sanctions : interdiction d’entrée sur le territoire américain de responsables impliqués dans des violations des droits de l’homme, suppression des financements de programmes concernant la police et le ministère de la Santé, annulation enfin d’une mission militaire commune financée par les Etats-Unis.

Sommet Etats-Unis – Afrique en août

Et pour montrer que Kampala aura beaucoup à perdre tant que les droits des homosexuels ne seront pas respectés, la Maison Blanche ajoute des interdictions de visa pour certains Ougandais « coupables de corruption ».

Le premier sommet Etats-Unis-Afrique aura lieu en août prochain. Le président ougandais est invité. On ne sait pas si l’invitation sera maintenue, ni si Yoweri Museveni fera le déplacement pour entendre, de vive voix, les reproches que ne manqueront pas de lui adresser les responsables américains.

Obligation de délation

La loi ougandaise contre l’homosexualité est l’une des plus répessive au monde. Adoptée à une écrasante majorité par le Parlement en décembre et promulguée en févier par le président Museveni, cette loi légalise la chasse aux homosexuels. Le texte rend obliglatoire la dénonciation de quiconque affiche son homosexualité. Une pratique dont il est désormais interdit de faire la promotion en Ouganda.

Résultat, le travail de toute association ou ONG qui chercheraient à lutter contre les discrimination à l’égard des gays et lesbiennes est non seulement sapé, mais condamnable : leur responsable peuvent encourir jusqu’à sept ans de prison.

Campagnes anti-gays meurtrières

En Ouganda, les agressions homophobes sont extrêmement fréquentes et l’homosexualité passible de la prison à vie. Peu après l’adoption de cette loi, une liste des « 200 principaux homos d’Ouganda » présumés étaient publiée en une du tabloïd ougandais Red Pepper. Au sein de cette liste figurait notamment des chefs d’entreprises, des religieux, une rappeuse ou encore des responsables d’association de défense des minorités sexuelles.

En 2011, une autre campagne homophobe du même genre avait provoqué l’assassinat à son domicile d’une figure de la cause homosexuelle.


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