DERNIER VOYAGE La fin de l’enfer en prison pour Stéphane G.

Stéphane G.

Tout allait bien! Lorsque j’étais détenu dans mon centre régulier, jusqu’à ce qu’on vienne me chercher pour me transférer dans la prison de transit…

En attendant ma libération totale suite à mon rapatriement, je suis dans un horrible endroit où la quasi-totalité des détenus n’y sont qu’en transit, en attente d’être transférés soit vers leur institution de détention permanente ou soit déportés comme moi dans leur pays d’origine.

Ici les règlements sont appliqués au point et à la virgule par un personnel déplaisant ayant plus de respect pour du bétail que pour les êtres immondes que nous sommes comme détenus.

Il faut être constamment vigilant car plusieurs gardiens prennent un vif plaisir à donner des rapports disciplinaires continuels pour nous placer en détention solitaire le plus longtemps possible.

C’est la loi de la jungle qui règle en Roi et maître ici. Dès mon arrivée je me suis fait voler mes souliers d’une valeur de 60$, alors que je siestais. Consterné par le vol, je suis allé rapporter l’incident au gardien en devoir du dortoir et sa réponse à été «Bienvenu en prison».

Et sans le savoir, je venais de briser le code de conduite des détenus qui nous interdit de rapporter un incident et surtout de demander de l’aide aux gardiens. Il faut s’occuper de ça entre nous!

Après deux années complètes passées dans un programme de réhabilitation en compagnie d’autres détenus cherchant à s’améliorer, j’avais oublié qu’en quittant le centre Jackson j’allais de nouveau avoir affaire aux loups qui, généralement, peuplent les prisons de l’État. Je suis arrivé ici rempli de confiance en la fin si proche et j’aurais du être plus prudent. Comme le dit si bien Jean de la Fontaine, «cette leçon vaut bien un fromage sans doute». Alors j’avale durement ma bêtise en me disant que ça ne durera pas éternellement. Deux semaines tout au plus.

Reste maintenant à savoir comment ça se passera avec l’immigration, priez pour moi afin que je rentre au plus vite au pays, sain et sauf.

NDLR: Cette chronique sera la dernière de Stéphane  puisque son aventure comme détenu aux États-Unis est terminée. Il nous accordera toutefois une entrevue sous peu afin de dévoiler sa véritable identité et nous raconter, à visage découvert, ce qui l’aura mené vers une si longue peine et l’impact sur sa vie d’artiste. Un article à lire absolument dans notre prochaine édition.


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