Un candidat vaccin contre le VIH efficace…

Selon
La Croix

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Des chercheurs français et suisses ont réussi à immuniser des macaques femelles contre le virus du sida humain

Jusqu’à maintenant, la majorité des candidats-vaccins contre le virus du sida (VIH) cherchaient à protéger les personnes ou les animaux de laboratoire en stimulant leur système immunitaire classique, celui qui est constitué de cellules tueuses (les globules blancs appelés lymphocytes T) et de petites molécules tueuses très spécifiques (les anticorps), système de défense circulant dans nos vaisseaux sanguins et irriguant tout le corps. Une démarche qui, jusqu’ici, ne s’est pas révélée efficace. Toutefois, il existe aussi un système de défense, moins connu : l’immunité locale s’exerçant notamment dans les muqueuses, ces tissus constitués de cellules épithéliales qui tapissent intérieurement les organes creux comme le tube digestif, les bronches, les organes génitaux, la bouche ou le nez.

C’est à ce niveau, qu’après quinze années de recherche sur l’entrée du virus dans l’organisme, une équipe de scientifiques (université Paris Descartes, CNRS, Inserm), en collaboration avec la société américaine Mymetics et avec le soutien de l’ANRS, vient d’obtenir un résultat prometteur qu’elle a publié dans la revue Immunity.

« L’originalité du candidat-vaccin est en effet d’induire la production d’anticorps au niveau des muqueuses, qui soient capables de prévenir très tôt l’infection par voie muqueuse, c’est-à-dire avant la multiplication du virus et sa dissémination dans la circulation générale », explique Morgane Bomsel, directeur de recherche CNRS à l’Institut Cochin et coordonnatrice de l’étude. Cinq macaques femelles (Macaca mulatta) ont été vaccinées par voies nasale et intramusculaire. Six mois plus tard, elles ont été exposées de façon répétée (13 fois) au VIH par inoculation vaginale, comme lors d’un rapport sexuel. Les cinq singes rhésus se sont révélés protégés contre l’infection par le VIH, et sont restés séronégatifs six mois après la dernière infection par le VIH. « L’analyse comparative des anticorps induits par la vaccination dans le sang et au niveau des muqueuses montre que ce sont seulement les anticorps muqueux spécifiques de la surface du virus -des immunoglobines G et A – qui permettent de protéger les macaques de l’infection par voie muqueuse », indique la chercheuse.

Pour élaborer ce candidat-vaccin, les chercheurs se sont focalisés sur l’une des protéines membranaires de l’enveloppe du VIH, celle appelée Gp41.

Il s’agit en effet de la partie de l’enveloppe virale variant le moins parmi toutes les souches virales du sida. De plus, Gp41 contrôle à la fois l’entrée du virus dans les cellules épithéliales de la muqueuse et l’infection d’une famille de lymphocytes T, les principales cellules cibles du VIH.

« En plus d’une réponse immune puissante au niveau des muqueuses via la production d’anticorps (ce qu’on appelle une réponse humorale), et sans avoir besoin d’une action de lymphocytes T (ou réponse cellulaire cytotoxique), le vaccin fonctionne relativement bien in vitro contre les sous-types B et C du VIH responsables de 95 % des cas aux États-Unis, en Europe et en Inde. Ce succès est prometteur », précise Morgane Bomsel.

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