1997- Immuno-Enhancer, anti SIDA et Cancer? Même les médecins débutants le savent: le SIDA ne se guérit pas comme le Cancer!

Dans la section des petites annonces d’un journal s’adressant à la communauté gaie du mois d’août dernier on pouvait lire, en grosses lettres: “Canar SIDA, résultat garanti. Produit herboristerie”. L’annonce se terminait par le numéro de téléphone du vendeur. Quel ne fut pas notre étonnement de constater qu’un nouveau produit, méconnu, pouvait guérir les pires mots de la société? Sans perdre une seconde, RG s’est empressé d’examiner cette affaire de plus près afin de donner l’heure juste aux lecteurs.

D’abord, l’annonce comportait une faute de frappe puisqu’elle aurait du se lire “Cancer SIDA” plutôt que “Canar”. Message prédestiné? Pour obtenir un échantillon du produit, RG a tenté d’en savoir plus par téléphone en prétendant être client. Première surprise, le vendeur nous donne rendez-vous dans le stationnement d’un Dunkin Donuts et ce, malgré tous nos efforts pour convaincre le vendeur de le rejoindre directement au laboratoire. Ce dernier, un dénommé Sammy, d’origine libanaise, m’a longuement vanté dans sa voiture donc, les avantages de son produit en insistant sur deux éléments que le public aime généralement bien entendre. “De nombreuses études internationales existeraient sur le produit”. “Le produit serait entièrement naturel et la capsule serait même faite de cellules sanguines”. Après de longues minutes de négociation, j’ai réussi à convaincre mon vendeur de ne m’en vendre que pour 3 jours, question de savoir s’il y avait des effets secondaires. Une facture ne portant aucune entête de la compagnie m’a été fournie et j’ai payé 15$ sans taxes. Pendant notre transaction, un individu se présentant comme l’inventeur du médicament, le Dr. Boussetta, est arrivé en voiture. Tous les efforts étaient mis par les deux compères pour me donner l’impression que j’étais en compagnie d’une sommité mondiale. Pas de problèmes jusque-là, le Dr Boussetta était de toute façon médecin puisqu’il en portait le titre sur la bouteille de comprimés. En fait, après vérification quelques jours plus tard au Collège des médecins, on nous a informé que le Dr Boussetta n’était pas membre et qu’il avait été refusé à l’ordre pour des raisons qu’on refuse de nous donner. Le Dr. Boussetta, identifié comme tel sur le flacon de pilules, n’était donc pas médecin!

Au microscope

Devant ce qui se présentait comme une affaire de fausses représentations, RG a décidé de confier les pilules à notre expert en biologie moléculaire de l’Université McGill afin de savoir si les prétentions publiées sur Internet et offertes en vrac comme documentation avec tout achat pouvaient avoir une base de véracité. Le mandat donné à notre chercheur était bien clair. (Alain, commencer ici le caractère gras)”Le Magazine RG vous demande de traiter ce dossier avec toute l’ouverture d’esprit possible en ne considérant que les aspects scientifiques prouvables. Le producteur de ce produit a droit au bénéfice du doute et notre analyse doit refléter cet aspect de notre guide de déontologie journalistique même si ce dernier nous oblige à douter systématiquement de tout” (Alain, terminer ici le caractère gras). Après tout, ne ne voulions absolument pas briser quelque espoir possible pour les malades, nous voulions la vérité. Un rapport court mais clair nous est arrivé quelques semaines plus tard. Nul doute, sans pouvoir commenter l’efficacité supposée du produit, il y aurait définitivement une contamination. L’analyse microscopique confirme donc que le produit est compatible avec ce qui serait une herbe moulue . Une analyse de contamination a été effectuée par la suite démontrant l’existence d’une structure importante, filamenteuse et compatible avec un champignon. Quant aux propriétés antibiotiques décrites sur la documentation, absolument faux. Notre chercheur a utilisé une souche bactérienne sensible aux antibiotiques afin de vérifier si le produit pouvait en venir à bout. En plus de ne pas tuer la bactérie (Alain, le mot qui suit entre les () doit être en italique)(E. coli), cette dernière s’est très bien développée et les champignons sont apparus. Il nous apparaît préoccupant de vendre un produit en prétendant qu’il soit antibiotique (faux) à des sidéens qui sont sans défense immunitaire. Nos remarques seront d’ailleurs reprises par Santé Canada qui a ouvert une enquête sur cette affaire. Notre chercheur conclut “Les prétentions sur la bouteille sont scientifiquement exactes mais elles semblent avoir été utilisées par une personne trop ignorante ou paresseuse pour en connaître les véritables définitions. Les termes utilisés sont délibérément spécifiques pour sembler sérieux mais assez vagues pour confondre l’acheteur. Chaque phrase devrait être critiquée pour son manque de rigueur. Les prétentions scientifiques du manufacturier sont suspectes. Le produit en question est commercialisé comme un traitement à base d’herbes efficace contre le cancer et le SIDA. En fait, la documentation offerte à l’achat fait l’erreur de classer le Cancer et le SIDA comme des désordres immunologiques. Il s’agit-là d’une grave erreur. Même les débutants dans le milieu médical savent que le SIDA est un désordre du système immunitaire alors que le Cancer ne l’est définitivement pas. Le SIDA a pour origine la disparition des cellules lymphocytes T alors que le Cancer a pour origine une erreur génétique qui contribue a une surmultiplication de cellules. Nous n’avons aucune raison de croire qu’un seul et unique traitement pourrait être efficace contre deux maladies qui ont des origines différentes et qui se manifestent tout aussi différemment. Il est possible que l’herbe en question puisse guérir deux maladies aussi graves que le SIDA et le Cancer, entendons-nous, ça serait manifestement la découverte du siècle”.

Santé Canada passe à l’attaque.

Pour Santé Canada (organisme mandaté afin de gérer les risques et les avantages des médicaments offerts au Canada) il n’y a pas de doute, il y a quelque chose de complètement irrégulier dans la composition du produit dans la façon de faire des manufacturiers de l’Immuno-Enhancer. ” Personne ne doit publiciser un aliment, un médicament, ou appareil au public comme un traitement, méthode préventive ou correctif pour aucune des maladies, désordres ou états physiques anormaux mentionnés a tableau A (Cancer, SIDA, dépression, système immunitaire). Personne ne doit étiqueter, emballer, traiter, manufacturer, vendre ou annoncer un médicament sous de fausses représentations, erronées ou mensongères ou qui pourrait créer une fausse impression sur ses effets, valeur médicinale, quantité, composition, véracité ou sécurité (article 9). Tirons nos propres conclusions: 1- On vend une pilule dans les stationnements de Dunkin Donuts. 2- L’inventeur prétend faussement être médecin. 3- La bouteille ne mentionne nulle part la composition du produit. 4- Le produit est contaminé par de nombreuses bactéries toxiques. 5- La compagnie et le laboratoire n’existent que par une boîte postale dans un centre commercial de l’ouest de l’île. 6- Ni Monsieur Boussetta, ni le vendeur ne retournent nos appels. 7- Santé Canada parle d’infractions multiples à la loi. Devant une telle série d’irrégularités, on pourrait se demander s’il s’agit-là véritablement d’un médicament aidant les sidéens et cancéreux ou d’une simple manigance pour détrousser, encore une fois, les tristes victimes de ces terribles maladies. Pour obtenir toute l’information sur la médication disponible sur le SIDA au Canada, les personnes intéressées peuvent s’adresser au Réseau CATIE 1-800-263-1638. Quant au média gai, au sens critique bien peu évident, tout le monde aura deviné que l’argent de la publicité aura eu avantage sur le véritable bien-être des lecteurs.

R.L.C.

ALAIN, PLACER CE QUI SUIT EN ENCADRE STP

D’après les analyses de Santé Canada, le produit est abondamment contaminé par les bactéries et champignons suivants:

Bacillus Pumilus

Bacillus Megaterium

Bacillus sp. (autres)

Enterobacter sakazakii

Pantoea agglomerans

Enterobacter cloacae

Chryseomonas (pseudomonas) luteola

Agrobacterium radiobacter

Plusieurs de ces bactéries sont susceptibles de causer des infections urinaires et des infections respiratoires. Les souches les plus virulentes peuvent causer de la diarrhée, une déshydratation et un coma pouvant entraîner la mort. Des lésions sur la peau, sinusites, rhinites, laryngites sont aussi observées chez les personnes qui ingèrent ces bactéries. À noter que les antibiotiques sont, pour la plupart, inefficaces dans de tels cas.

Alain, dans la cartouche du début de RG, il faudrait ajouter la collaboration scientifique spéciale de Marc Champigny.

Merci

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