La Gay Pride est-elle devenue une simple machine à fric ?

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GAY PRIDE. Cela faisait quelques années que je n’avais pas marché pour la Gay Pride – pardon, on la nomme désormais Marche des fiertés – et franchement, j’ai été déçu. J’avais dans mes souvenirs que les marches précédentes, qui datent quand même de quelques années maintenant, étaient plus festives et militantes qu’aujourd’hui. Je m’explique.

 

Une Marche des fiertés ou des sponsors ?

 

Même si la fête est toujours de mise au sein de la Pride, et le côté politique – et donc militant – également, je trouve que globalement l’ambiance a changé. Tout est devenu plus commercial. Une Pride “normale” en somme ?

 

La marche, initialement espace militant de fierté LGBT, ne serait donc devenue qu’une simple machine à fric. Simple constat, mais où est donc passé l’esprit militant et réellement festif, l’âme même de la marche ?

 

De nombreux partenariats commerciaux ont été noués avec des sponsors : Renault, PSA ou encore Smart étaient ainsi bien visibles dans la marche. Des établissements de cruising, des agences de rencontre et de voyage, des bars étaient aussi très représentés tout au long du parcours. Tout était marketé et calibré. Les chars d’établissements ou de sites internet commerciaux paradaient fièrement, distribuant des flyers, faisant la promotion de soirées ou d’événements, balançant des boissons énergétiques sponsorisées à la foule en délire… Bref, rien d’une fête “spontanée”, et rien de bien militant là-dedans.

 

Autre illustration, s’il en était besoin, de ce tout “commercial” : le partenariat noué en amont de la Pride par l’Inter-LGBT avec NRJ. La radio était cette année le partenaire de la marche des fiertés à Paris et se devait d’organiser le podium de clôture à la Bastille. Étrangement, FG DJ Radio, partenaire historique, n’était pas reconduit cette année. Pas assez d’audience, ou impact moindre par rapport à la notoriété et le potentiel commercial d’NRJ Groupe ? FG DJ Radio ne pouvait pas rivaliser…

 

Le but (non) avoué ? Ramener le plus de monde possible à la marche, histoire d’avoir une grosse visibilité et le plus d’impact possible (médias). Et pour le coup, être dans la “normalité” (commerciale j’entends) : jeunes, hétéros, musique… Ici, on est encore bien loin de la revendication militante.

 

Alors marcher, oui mais pourquoi ?

 

L’Inter-LGBT a donc choisi son camp, et a choisi l’approche commerciale plutôt que l’aspect militant. Inviter les hétéros c’est bien, les sensibiliser c’est mieux. Du coup, l’âme de la marche s’est peut-être perdue à vouloir s’offrir au plus offrant. Et à vouloir trop entrer dans la “normalité”, nous avons peut-être perdu notre singularité et l’objectif de la marche.

 

Perdu le côté militant trop revendicatif. Cette année, les politiques étaient bien présents pour la photo, pour la vitrine. Un côté militant timide, minoré, comparé aux autres années. Peut-être le fait de se redire continuellement que l’égalité c’est pour bientôt (fin 2013). Cela refrène l’envie de militer activement, la cause étant – sûrement – déjà acquise pour bon nombre d’homos. À quoi bon marcher alors ?

 

Ce qui m’a choqué à vrai dire, c’est surtout le peu de visibilité de certaines associations militantes. Les messages ont souvent été noyés dans la masse des décibels poussés par les DJ. En début de cortège, on a retrouvé les politiques. Et ici ou là, des associations. C’est là que ça pose problème. Le rapport entre ces “petites” associations et les “grandes” structures n’était pas égal. Noyées au milieu de ces dernières, les petites associations sont passées quasiment inaperçues et n’ont pas réussi à se faire entendre.

 

Pour ou contre la Gay Pride ?

 

En tant qu’homo, je ne m’identifie pas à cette fête. Cela peut paraître étrange, et pourtant je n’arrive pas à m’y retrouver. J’ai lu, il y a peu, sur un autre site que “la Gay Pride n’est pas là pour donner une bonne image de l’homosexualité”.

 

Sans pousser jusque-là le constat, je pense que la marche peut aussi entretenir quelques clichés récurrents sur les homos et entretenir une image négative à l’égard du grand public. Ainsi, demander l’égalité c’est bien, se montrer également. Mais porter un discours militant, à poil ou à moitié nu sur un char, est-ce crédible ? Et surtout, cela fera-il avancer notre cause ? J’avoue que j’ai quelques doutes. De plus, en termes de représentativité, la Pride n’est-elle pas censée représenter tous les homos et non s’arrêter au simple Marais parisien ?

 

Bref, loin de vouloir relancer le débat initié par Newsring – auquel Nicolas Gougain avait répondu par une tribune – je m’interroge juste sur l’utilité de la Pride aujourd’hui.

 

Après le débat entamé sur les réseaux sociaux (Facebook en tête) et par Newsring qui posait la question “Pour ou contre la Gay Pride ?”, n’est-il pas temps de se demander si la Pride a encore une utilité aujourd’hui ?

https://www.gayglobe.us


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