Le sida toujours aussi dévastateur
Canoe
MONTRÉAL – Même si on en entend moins parler, le sida continue de faire des ravages au Québec.
De plus, les médecins observent une recrudescence de la maladie chez les personnes âgées entre 30 et 49 ans qui ne se protègent pas assez. L’Agence de la santé publique du Canada dénote entre 500 et 1200 nouveaux cas par année au Québec.
Entre 14 500 et 21 300 personnes sont atteintes de la maladie à travers la province. Ce qui est le plus inquiétant est que 6 % des nouveaux cas touchent des jeunes de 15 à 24 ans.
Selon Jacques Fallu, infirmier au Centre universitaire de santé McGill, la maladie est toujours aussi taboue et il est aussi difficile de convaincre les gens de se protéger. Plusieurs fois par semaine, cet infirmier se rend chez des patients atteints du VIH. Il s’assure que ses 70 patients prennent tous leurs médicaments. C’est aussi lors de ces moments personnels qu’il apprend sur la vie de ces sidéens.
Il a, entre autres, rendez-vous avec un homme de 43 ans qui est infecté depuis 1997. «J’ai eu des relations non protégées parce que j’ai été un junkie, mais je ne suis pas gai», a expliqué l’homme, tentant de briser les stéréotypes entourant la maladie. Il ne se doutait pas d’être infecté, jusqu’au jour où il a réalisé que sa santé s’était détériorée. «Je faiblissais de jour en jour sans savoir ce que c’était, a-t-il indiqué. Je n’ai pas demandé d’être ça. Si j’avais le diabète, si j’avais le cancer des testicules, il n’aurait pas de problème. Si tu dis que t’as ça, il y en a un paquet qui ne veut plus te parler.»
Manon Gagné avait 33 ans quand elle a contracté le VIH, par l’entremise de la drogue et des aiguilles, a-t-elle admis. Sa vie s’est lentement détériorée et elle a vu plusieurs de ses amis mourir du sida.
Sans l’aide de M. Fallu, Manon Gagné ne croit pas qu’elle aurait passé à travers. «J’avais besoin de lui, mais j’avais besoin de ce monsieur là», a-t-elle dit.
La recherche progresse
Ces deux personnes ne savent pas combien de temps elles vivront, mais elles comptent beaucoup sur la recherche et la médication. Le taux de mortalité est de 1 personne sur 100 000.
La recherche a progressé à un rythme fulgurant. La trithérapie sauve de nombreux patients. Il y a quelques années, l’homme devait prendre de nombreux médicaments. Aujourd’hui, deux pilules par jour lui donnent une vie presque normale.
Ses médicaments, qui coûtent plusieurs milliers de dollars mensuellement, lui sont remboursés par le gouvernement du Québec. L’an dernier, Québec a défrayé 81 millions $. «Ce ne sont pas des personnes qui ne viennent pas dans les cliniques, a expliqué M. Fallu. Quand ils sont en consommation, ils ne viennent pas voir leur médecin ou ils vont à l’urgence.»
Une question d’éducation
Mme Gagné et l’homme de 43 ans avertissent les gens d’être prudents. Le VIH ne discrimine pas, ont-ils rappelé. Ils ont choisi de témoigner pour avertir les jeunes que le VIH est toujours très dangereux et qu’il faut, entre autres, avoir des relations protégées.
«Protégez-vous, a plaidé l’homme. On pense qu’il ne faut que peser sur “reset” puis on recommence. Mais la vie ce n’est pas ça.»
«Tu ne peux pas seulement l’attraper, mais le donner à d’autres et ça n’arrête plus. Peut-être que la personne qui me l’a donné ne le sait même pas…», a-t-il dit.