Dimanche dernier, la famille de l’auteure Caroline Gréco (Julien toi qui préfères les hommes et À Dieu, Julien), décédée avant les fêtes, se réunissait afin de lui rendre un hommage tout spécial et de remettre ses cendes à la mer, juste devant le port de Marseille en France. C’est sur un voilier que son époux lui a rendu un hommage dont voici le texte:
Caroline, ma toute belle, ce qui reste de toi, nous allons le confier à la mer, comme tu le désirais. Tu aimais la cérémonie du 2 Novembre, où on rendait en rade de Marseille, par un jet de couronnes, hommage aux morts que la mer avait accueillis. Aujourd’hui, tu les rejoins. Ce sont des cendres, et que peut-on dire de cendres ? Peuvent-elles servir de support à la mémoire ? Peuvent-elles évoquer ce qui fut vie et lumière ? Ce ne sont qu’un résidu terne et anonyme qui ne porte aucune image. Et pourtant cela reste encore un symbole de ce que tu fus, car sinon, pourquoi leur accorder une dispersion entourée d’un certain décorum, d’un certaincérémonial ? Ce bateau, ces amis rassemblés, ce recueillement, cette évocation, ces souvenirs qui jaillissent …
Et voilà qu’un instant tu revis. Tu revis dans toute la force de mon amour, tu revis dans les images que tu as laissées dans nos cœurs. Tu étais forte et douce, tu te donnais sans compter, tu étais providence et bonté , tu savais aimer et consoler au delà de toute raison. Moi qui ai partagé ta vie, je savais combien tu étais bonne et quel exemple tu me donnais quand je rechignais à te suivre. Je savais qu’avec toi, la vie valait la peine d’être vécue, et nous l’avons vécu dans la joie et la complicité. Ce que nous avons bâti, nous l’avons bâti ensemble, les liens que nous avons tissés, nous les avons tissés ensemble, ce que nous avons donné, nous l’avons donné ensemble. Mais tu étais la pointe de la flèche, et moi l’empennage, qui suivais la trajectoire.
Nos amis sont là, pourte rendre un dernier hommage, et je sais que tu resteras vivante dans leur souvenir. Ils m’ont entouré avec constance dans les heures douloureuses de ta maladie, ils m’ont entouré de leur affection quand j’en avais tant besoin, ils m’ont témoigné combien ils t’avaient aimé, et leurs témoignages m’ont bouleversé : j’ai ainsi découvert qui tu étais, non seulement pour moi, mais aussi pour ceux qui t’entouraient. Qu’ils en soient profondément remerciés.
Ma Caroline, ma douce femme, que la mer soit accueillante à ces pauvres restes, comme le Paradis où tu vis maintenant dans la présence du Père et dans la joie éternelle l’a été pour ton âme resplendissante. Veille sur nous de là-haut, intercède pour nous, et dis bien à la Vierge Marie de nous ouvrir grand ses bras miséricordieux. Et que la mer, la mer éternelle, prenne, quand nous la regarderons, un peu de ton sourire.