Par Le National
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Diabète et SIDA: les antiprotéases innocentées, selon un chercheur.

--par Emma Ross--

JERUSALEM (AP) -- Les anti-protéases, des médicaments destinés à combattre le SIDA, ne seraient pas -comme on le croyait- à l'origine de diabète chez certains patients, selon un chercheur français dont les travaux ont été présenté lors du congrès de l'Association européenne pour l'étude du diabète.

Ces dernières années, les scientifiques ont observé des patients atteints de SIDA et présentant parallèlement un diabète. Ces malades souffraient par ailleurs d'une mauvaise répartition des graisses qui se localisaient au niveau du ventre (lipodystrophie). Les anti-protéases ont rapidement été mises en cause.

Mais le Dr Eric Renard, professeur de médecine à l'Université de médecine de Montpellier, a rapporté lundi que selon les résultats d'une étude menée sur 102 patients HIV, les anti-protéases étaient hors de cause: les patients devaient déjà présenter ce trouble de la répartition des graisses, avant que le lien puisse être fait entre les anti-protéases et le diabète. Aucun des malades pourtant traité, mais indemne de cette anomalie, n'a présenté de diabète.

Selon l'étude, 89 des 102 patients présentaient une lipodystrophie. Parmi eux, 74 prenaient des inhibiteurs de protéase. Un diabète est apparu chez 13% d'entre eux et 19% ont montré une prédisposition au diabète. En revanche, chez les 15 personnes qui n'en prenaient pas, seuls 7% ont manifesté une prédisposition et aucun n'a présenté de diabète.

''Ces nouveaux symptômes sont associés à une nouvelle forme de diabète que nous pouvons appeler le diabète lipodystrophique'', a estimé le Pr Renard.

Le Dr Olga Vaccaro du département de médecine clinique et expérimentale à l'Université Federico II de Naples a estimé que cette étude pourrait sans doute aider les chercheurs à comprendre cette forme très particulière de diabète. ''Mais il est difficile de faire la part entre les effets secondaires des différents médicaments que prennent les malades atteints de SIDA'', a-t-elle dit.

Les anti-protéases font partie de la famille des anti-rétroviraux, des médicaments qui, en cinq ans, ont permis de diminuer spectaculairement la mortalité.

Selon le Pr Renard, cette étude souligne que ce sont d'autres médicaments que les anti-protéases, le D4T ou le 3TC qui sont responsables de la ''bedaine'': 93% des personnes touchées prenaient au moins un de ces deux médicaments. Selon lui, ces deux médicaments interagissent avec l'insuline, l'hormone qui permet au sucre de pénétrer dans le muscle, le foie et d'autres organes.

Cette interaction pourrait aboutir à une insulino-résistance, la cause essentielle du diabète. Quand l'insuline ne peut plus acheminer le sucre vers les tissus, ce dernier reste dans le sang. C'est ce qui définit le diabète.