Par Le National
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Décès du cardinal O'Connor, un anti-gai s'éteint! Un vaccin contre le SIDA d'ici 10 ans... Le Vatican préoccupé par le rassemblement gai de Rome. Washington part en guerre officiellement contre le SIDA!

Décès du cardinal américain O'Connor à 80 ans!

NEW YORK (AP) -- Le cardinal John O'Connor, qui était une des personnalités catholiques les plus influentes aux Etats-Unis, est mort mercredi à l'âge de 80 ans.

Cet homme, qui charmait les New Yorkais par son intelligence et sa chaleur, était connu pour son opposition à l'avortement et à l'homosexualité. Son état de santé avait commencé à se détériorer après qu'il eut subi une opération pour une tumeur au cerveau en août dernier.

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''Pendant plus de 50 ans, il a tendu les bras vers les catholiques d'Amérique avec un courage peu commun pour pourvoir à leurs besoins '', a déclaré le président Bill Clinton. ''Le courage et la foi sans faille dont il a fait preuve dans la phase terminale de sa maladie nous a tous inspirés''.

 

Un vaccin contre le SIDA devient "la priorité absolue".

PARIS, 3 mai (AFP) - Longtemps niée ou considérée comme irréaliste, la mise au point d'un vaccin contre le SIDA s'impose peu à peu dans l'esprit des chercheurs comme "la priorité absolue" pour parvenir à enrayer l'épidémie qui a déjà fait 12 millions de morts et galope au rythme de 16.000 nouvelles contaminations par jour.

Preuve de ce regain d'intérêt: 300 chercheurs - parmi les meilleurs du monde - vont se réunir à l'Institut Pasteur de Paris les 5 et 6 mai prochain, pas seulement pour évoquer les obstacles qui se présentent encore à eux, mais aussi pour réfléchir aux conditions que devra remplir un vaccin capable de bloquer le virus de l'immuno-déficience humaine (VIH), responsable du SIDA.

Un tel vaccin n'empêcherait pas la contamination, donc la séropositivité, mais le passage à la maladie proprement dite.

"Si nous disposons de suffisamment d'arguments pour passer à la phase 3 - destinée à vérifier sur l'homme l'efficacité des préparations vaccinales déjà en cours d'essais - la mise au point d'un vaccin pourrait intervenir dans 6 à 10 ans", promet le Pr Michel Kazatchkine, directeur de l'ANRS, l'agence française de lutte contre le SIDA, qui organise ce colloque avec les Instituts américains de la santé (NIH) et l'ONUSIDA, l'agence des Nations unies.

Premier impératif qui s'impose aux chercheurs : pour être efficace, le vaccin doit protéger contre tous les variants en circulation dans le monde.

Forts des découvertes qui ont marqué les cinq dernières années, les scientifiques estiment maintenant que le futur vaccin devra être apte à provoquer à la fois une réponse immunitaire par les anticorps (humorale) et cellulaire.

Le risque est que au lieu de neutraliser le virus comme prévu, les vaccins dirigés contre le virus du SIDA pourraient faciliter l'infection et aboutir, dans certains cas, à un effet diamétralement opposé à celui qui était escompté.

Pour l'instant, la plupart des experts européens estiment qu'"un vaccin pourra être considéré comme efficace s'il empêche 80 % des personnes vaccinées de développer la maladie sur le long terme". Mais le flou persiste sur ce qu'il faut entendre par long terme, 10 ans, 20 ans ou plus...

Aux Etats-Unis, un peu sous la pression des malades et du lobby "pro-vaccin" qui dispose de fonds quasiment illimités, les scientifiques semblent désireux d'aller plus vite. "Si on ne tente rien, on ne saura jamais ce qui marche et ce qui ne marche pas", répètent à l'envie les partisans d'une accélération des essais.

"Il faut aussi que le vaccin soit à la fois capable de maîtriser fortement la multiplication du virus au sein de l'organisme et de la tolérer, afin d'entretenir en permanence la stimulation des composant de l'immunité", souligne le Pr Françoise Barré-Sinoussi, co-découvreuse du virus du SIDA avec le Pr Luc Montagnier.

L'idée de ce compromis n'est en effet pas de pure forme. Elle s'est imposée grâce à l'étude de prostituées de Nairobi au Kenya qui ont époustouflé pendant des années les biologistes.

Malgré une exposition fréquente au virus du SIDA elles étaient restées indemnes de toute infection, jusqu'à ce que les médecins les incitent à utiliser des préservatifs. "En arrêtant ainsi leur exposition au VIH, explique le Pr Kazatchkine, certaines sont devenues séropositives, ce qui laisse à penser que pour bien contrôler la multiplication du virus à son entrée dans l'organisme, les cellules "tueuses" doivent être stimulées en permanence par le virus".

Devenue "priorité absolue", la mise au point d'un vaccin ne fera pas pour autant disparaître le virus de la planète. Un tel vaccin sera thérapeutique, et n'empêchera pas les personnes vaccinées qui omettraient de porter des préservatifs de passer à leur tour le virus à leurs partenaires.

 

L'Église catholique sur tous les fronts en Italie...

ROME, 1er mai (AFP) - La célébration du 1er mai à Rome par le pape Jean Paul II a confirmé de manière spectaculaire la place prépondérante que souhaite occuper l'Eglise catholique dans tous les secteurs de la vie publique italienne.

A côté de son rôle "traditionnel" de "défense de la famille" et de gardienne vigilante de l'éthique chrétienne, l'Eglise n'hésite plus à intervenir sur tous les sujets, y compris politiques.

Au lendemain de la cuisante défaite du centre-gauche aux élections régionales du 16 avril, le père jésuite Michele Simone avait ainsi déclaré sur les ondes de Radio Vatican que la coalition de centre-gauche devait "être conduite par un centriste si elle veut attirer les voix modérées nécessaires à une victoire aux prochaines législatives".

Lorsque Massimo D'Alema était devenu président du Conseil en octobre 1998, le Vatican avait ouvertement critiqué le choix d'un ancien communiste pour gouverner l'Italie.

"La perte de Romano Prodi (ndlr: le prédécesseur démocrate-chrétien de M. D'Alema) a été ressentie comme un élément négatif par pratiquement tout le monde ecclésiastique", a commenté la revue catholique progressiste Il Regno.

L'Eglise catholique et l'Italie ont toujours connu des rapports passionnels. De la fin de la Seconde guerre mondiale au début des années 90, l'Italie a été gouvernée par la puissante Démocratie-Chrétienne (DC) ouvertement soutenue par les évêques de la péninsule.

Avec l'élection en 1978 de Jean Paul II, premier pape non Italien depuis plus de quatre siècles, beaucoup de responsables avaient toutefois espéré que l'Eglise cesserait son interventionnisme jugé "pesant" dans les affaires italiennes. La disparition de la DC en 1992 avait conforté cet espoir.

"En silence, l'Eglise revient sur le terrain pour soutenir le centre-droit", a pu écrire récemment le spécialiste du Vatican du quotidien La Repubblica, Marco Politi.

Selon ce journaliste, le cardinal Camillo Ruini, vicaire du pape pour le diocèse de Rome, aurait ainsi donné son feu vert à ses prêtres pour soutenir la candidature du post-fasciste Francesco Storace à la présidence de la région. Le président sortant, de gauche, est surtout coupable aux yeux de l'Eglise d'avoir fait adopter une loi régionale accordant les mêmes droits aux couples mariés ou non mariés.

Une des premières actions de Storace, devenu effectivement président de la région du Latium, est d'avoir demandé au ministre de l'Intérieur le report de la World Gay Pride, prévu à Rome début juillet, quelques semaines avant les Journées Mondiales de la Jeunesse.

En Lombardie (nord), l'Eglise se sent rassurée par la présence à la tête de la région de Roberto Formigoni, ancien militant de Communion et Libération, un mouvement catholique intransigeant.

Jean Paul II qui a souhaité une "nouvelle évangélisation" est personnellement monté en première ligne sur certains sujets brûlants. En mai 1998, devant des militants du "Mouvement pour la vie", il a appelé les catholiques à s'engager activement pour une révision de la loi sur l'avortement. S'adressant à une centaine de parlementaires italiens en octobre de la même année, il a condamné par avance toute loi qui reconnaîtrait les unions hors mariage.

La fécondation artificielle ou le financement des écoles privées sont d'autres secteurs où l'Eglise veut avoir son mot à dire et ne se prive pas de le donner.

"Au Parlement, le chef de l'opposition de droite, Silvio Berlusconi a épousé toutes les causes du Vatican", a souligné Marco Politi.

Les électeurs catholiques semblent y être sensibles. Selon un sondage publié par Famiglia Cristiana, 52% des catholiques italiens ont choisi le centre-droit lors des dernières régionales.

Cela n'empêche pas le nouveau chef du gouvernement Giuliano Amato d'affirmer tranquillement qu'il est "fan du pape depuis toujours".

 

Washington veut engendrer une guerre internationale contre le SIDA!

WASHINGTON, 1er mai (AFP) - Le président américain Bill Clinton espère que sa décision sans précédent des Etats-Unis de traiter le SIDA comme une menace pour la sécurité nationale va galvaniser d'autres dirigeants et susciter une guerre internationale contre la maladie qui décime les pays pauvres.

"C'est seulement la part américaine d'un gâteau beaucoup plus gros", affirme Sandra Thurman, directeur du département de la Maison Blanche responsable du SIDA.

"Les Etats-Unis ne peuvent pas et ne doivent pas agir seuls", a-t-elle précisé lundi à l'AFP, commentant la décision de Washington de classer formellement le SIDA comme une menace pour la sécurité, susceptible de renverser des gouvernements de pays tiers, déclencher des guerres à caractère ethnique et anéantir des années d'efforts pour bâtir des démocraties.

Le président Clinton demandera aux autres dirigeants, à l'occasion du sommet de l'Union européenne de mai et à la réunion du Groupe des Huit en juillet, d'ajouter des financements aux 100 millions de dollars de fonds supplémentaires qu'il demande au Congrès pour lutter contre la pandémie.

"La plupart des dirigeants reconnaissent maintenant l'épidémie du SIDA comme une menace réelle, dont l'impact ne porte pas seulement sur la santé des nations mais sur les bases du développement, sur la stabilité économique et ses conditions", affirme Mme Thurman.

L'objectif de la Maison Blanche est de concentrer les ressources de tous les organismes gouvernementaux, dans les secteurs de la défense, de la diplomatie ou de sciences, sur la lutte contre la maladie.

Selon Mme Thurman, la Grande-Bretagne a déjà pris des mesures significatives et Washington s'attend que la France soit également active dans cette lutte, notamment pour ce qui concerne le développement des thérapies contre le SIDA.

Les activistes luttant contre le SIDA et des responsables des problèmes de santé dans le monde avaient jusqu'à présent critiqué les Etats-Unis, estimant que leur réponse à l'épidémie était lente, mais se sont félicités de leur dernière initiative.

"L'attention qui se portera sur cette question est précieuse", estime Denis Dison, membre d'Action contre le SIDA.

Pourtant, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Trent Lott, se montre critique. "C'est juste le président qui essaie de lancer un appel à certains groupes", a-t-il dit.

M. Lott a annoncé qu'il se battrait contre un tel financemenent pour lutter contre le SIDA, dont la plus grande partie ira à l'Afrique. "Je ne vois pas (le SIDA) comme une menace pour la sécurité nationale", a-t-il ajouté.

Selon une estimation des services de renseignements américains préparée en janvier à partir des données des analystes gouvernementaux, un quart de la population de l'Afrique australe pourrait succomber à la contamination par le virus HIV, alors qu'une pandémie similaire pourrait suivre dans le sud de l'Asie et dans l'ancienne Union soviétique.

"Au moins certains des pays les plus durement touchés, dans un premier temps dans l'Afrique sub-saharienne, puis dans d'autres régions, connaîtront une catastrophe démographique" durant les 20 années à venir, prédit cette étude.

Inconnu il y a vingt ans, le virus du SIDA a infecté 50 millions de personnes dans le monde. Seize millions en sont mortes, dont 2,6 millions pour la seule année 1999. Sur les 34 millions de personnes infectées aujourd'hui, 95% vivent dans les pays en développement et 23 millions en Afrique, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).