Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Tête-à-tête entre le député André Boulerice et l'éditeur du National, Roger-Luc Chayer: Quelles sont les perspectives de financement des organismes communautaires gais dans l'avenir? (Partie I)

Voilà tout un sujet bien d'actualité suite aux affaires récentes de Jeunesse Lambda, du Centre Communautaire des Gais et Lesbiennes de Montréal (Voir notre article) et de la Chambre de Commerce Gaie du Québec dont le Président nous accordera une entrevue exclusive pour notre prochaine édition.

Nous attendions depuis longtemps de pouvoir rencontrer, en privé, pour une entrevue de fond, celui qui est maintenant considéré comme le leader des gais et lesbiennes à l'Assemblée nationale du Québec, monsieur André Boulerice.

D'abord, nous en profiterons pour vous annoncer que monsieur Boulerice va très bien et qu'il est plus actif que jamais auprès de ses collègues et de la communauté gaie. Nous vous proposons donc une entrevue de type question-réponse afin de ne pas dénaturer les informations transmises par monsieur Boulerice, le tout, en deux parties dont la suite sortira la semaine prochaine.

Roger-Luc Chayer André Boulerice

Le National: André, avant de commencer, si vous nous donniez vos commentaires sur la situation précaire du Centre Communautaire des Gais et Lesbiennes?

Monsieur Boulerice: La situation est très claire. Le Centre communautaire fait une prévision de revenus et les dépenses ne coïncident pas avec les revenus. Ce que le Centre avait demandé au Gouvernement du Québec ou ses instances, le Centre communautaire a reçu 140% de ce qu'il avait demandé! Ils sont chanceux! Par contre, ils avaient demandé des sous au Gouvernement fédéral et rien. Ce que je trouve d'ailleurs paradoxal c'est qu'on trouve dans un document un mot de remerciement à madame la Ministre du Conseil du trésor, madame Robillard, la remerciant... de n'avoir rien donné? Qu'est-ce que ça va être la journée où ils vont se décider à donner?

Donc le Centre est dans une situation difficile parce qu'il y a un pallier de gouvernement qui n'a rien donné. Et naturellement, dans la mentalité québécoise, le fédéral a rien donné donc c'est les méchants de Québec qui sont les écoeurants!

Ensuite, ce Centre, j'y reviendrai tantôt, a un énorme avantage mais j'ai bien peur qu'ils sont en train de le démolir. Le Centre a une masse salariale de 115 000$... Une masse salariale plus importante que le Leader adjoint du Gouvernement, qui a la responsabilité directe de 50,000 personne dans sa circonscription sans compter tous les autres qui s'identifient à moi (gais et lesbiennes de partout au Québec, environ 700 000 personnes). Alors je m'excuse là mais à un moment donné il y a des choses à regarder...

Le National: Quelle est votre masse salariale à vous?

Monsieur Boulerice: 95,000$, quelque chose comme ça. Il y a, je pense, des choses qui doivent être dites à l'intérieur de ce Centre, j'ai posé des questions et j'ai eu comme réponse que c'était méprisant de poser des questions! Je m'excuse, on me demande d'aller chercher des deniers publics, je suis redevable devant les contribuables de l'utilisation de ces sous, si il y en a que ça gêne pas là, moi ça me gêne dans mon éthique.

Le National: Alors vous avez demandé des comptes!

Monsieur Boulerice: Alors j'ai posé des questions en disant voulez-vous m'expliquer telle chose, telle chose, et à date je n'estime pas avoir eu les réponses satisfaisantes. Ceci dit, je crois toujours à l'existence du Centre sauf qu'on se donne un C entre à la mesure de ses moyens d'une part, et le Centre aura l'ampleur qu'il aura quand il aura ses lieux dans un autre endroit. Si il n'y a pas une gestion très rigoureuse, si il n'y a pas une rationnalisation des dépenses, et bien le drame c'est qu'ils vont finir par miner leur crédibilité et ça serait catastrophique à mon point de vue pour une fondation absolument prestigieuse qui est la Fondation Mario Racine.(...)

Le National: La réaction que je vois quand je pose certaines question à titre de journaliste, vous l'avez vous-même à titre de député? Je pensais qu'on osait pas vous répondre ça...

Monsieur Boulerice: Là, je m'interroge de la pertinence dans ce Centre, et comme ça touche à des individus ça parait odieux mais quand même... Un directeur général, le directeur-général avait un adjoint administratif, ça va bien dans cette situation-là. Est-ce que c'est justifié? Personnellement ma première impression est que non. Ma première impression est que non...

Le National: Mais c'est quand même formidable, je ne coyais pas que vous étiez aussi informé que ça sur la situation...

Monsieur Boulerice: J'ai passé je ne sais pas combien d'heures là-dessus.

Le National: Alors on s'enligne vers quoi?

Monsieur Boulerice: Moi j'ai rencontré le Président avec qui j'ai eu une franche discussion et je lui ai dit que je n'étais quand même pas responsable. On semble avoir fait des prévisions de revenus, des prévisions de dépenses qui comptaient sur des avoirs qui proviendraient d'un endroits autre de ma responsabilité... Ce n'est pas ma faute si le Gouvernement fédéral leur a rien donné, à ce niveau-là.

Pour conclure cette première partie de notre tête-à-tête, monsieur Boulerice a confirmé qu'il n'y aurait aucun chèque surprise du Gouvernement, qu'il n'en connaissait pas l'existence du moins et que le Centre devra bien couper quelque chose quelque part si il souhaite continuer à répondre à la demande...

Ce qui surprend le plus dans cet entretien, c'est l'accueil fait aux questions de monsieur Boulerice qui, de la même manière que les lecteurs en général, s'attendent à des réponses tranparentes de l'organisme mais qui n'aura récolté que des réponses insatisfaisantes. Le Centre communautaire demande actuellement l'aide des médias et du public pour trouver de nouvelles sources de financement, l'auteur de ces lignes souhaite vivement la collaboration des autorités du Centre auprès de toutes les personnes qui souhaiteront vérifier l'usage des fonds. C'est normal! Le Centre n'a surement rien à cacher, les personnes sont de bonne foi, évitons le piège des cachettes et des rumeurs, le public ne pardonnerait jamais qu'il en soit autrement.

La semaine prochaine, suite de l'entrevue avec monsieur Boulerice qui commentera l'affaire de Jeunesse Lambda et qui offrira ses conseils à la Chambre de Commerce Gaie du Québec.