LA NOUVELLE QUI TUE…

Roger-Luc Chayer

Nous sommes définitivement dans l’ère de la nouvelle qui tue, de la fausse nouvelle qui fait de la rumeur une arme de destruction massive de l’information légitime, avec la complicité totale des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. C’est la seule conclusion possible lorsqu’on examine pendant des mois la nature du contenu diffusé par les détenteurs de comptes sur ces réseaux. Il faut le dire, tous n’ont pas les moyens de distinguer le vrai du faux et se complaisent à partager ce qui leur semble ahurissant sans jamais chercher à vérifier au préalable ou à corroborer.

Récemment, Gay Globe a annoncé aux membres de sa page Facebook et sur son compte Twitter que toute personne membre de la page qui diffuserait de la fausse nouvelle se verrait désabonnée. Les exemples de désinformation sont innombrables mais celui qui revient le plus souvent dans la communauté gaie est tout ce qui tourne autour de la prétendue homophobie du nouveau Président américain Donald Trump. De nombreuses pages Facebook aux États-Unis et même ici au Canada comme celle du «Collectif Carré Rose» relayent continuellement des nouvelles ahurissantes portant sur l’abolition de nombreux droits comme l’égalité des homosexuels devant la loi ou l’emploi, ou l’accès facile à des traitements antirétroviraux. Or, si on prend chacune de ces nouvelles et qu’on cherche à la corroborer, on ne trouve jamais l’origine officielle de ces rumeurs qui tuent. On élève au rang d’information légitime de simples commérages et souvent, leurs auteurs le font pour faire de la politique ou pour atteindre des objectifs qui n’ont rien à voir avec l’information ou la nouvelle.

Comment remédier au problème? D’abord, il faut cesser de partager systématiquement les messages des autres sous prétexte qu’ils provoquent des réactions émotives. Il faut chercher à corroborer l’information en allant vérifier sur le Web si un média sérieux de longue réputation en parle. Pas des sites métaphysiques ou des agrégateurs de clics qui parlent de tout et de rien, des médias sérieux. Dans le doute, abstenez-vous! Ensuite, il faudrait mettre en place une législation encadrant la diffusion de fausses nouvelles de la même manière que la diffamation. Quand on diffuse volontairement une fausse nouvelle sur une société ou une personne quelle qu’elle soit, il faudrait en assumer les conséquences.