MARK WAINBERG S’EXPLIQUE

Roger-Luc Chayer

Le journal français Sciences et Avenir publiait le 1er décembre dernier, en français et en anglais, un article absolument incroyable qui avait toutes les apparences d’une enquête journalistique sérieuse sur ce que l’on disait être une affaire de trafic de faux médicament en Afrique, auquel participerait le célèbre scientifique montréalais Mark Wainberg, spécialiste du VIH/SIDA.

Dans cet article, on déclarait: «Ce “nouveau traitement” a pour substance active, la DHEA, la fameuse «hormone de jouvence», censée avoir des propriétés anti-vieillissement. Or il s’agit en fait d’un faux médicament issu d’un trafic entre la France et l’Afrique auquel se trouvent mêlés des scientifiques de renom comme Sciences et Avenir est en mesure de le révéler. Ce produit concerne potentiellement des millions de séropositifs sur le continent africain dont il risque de mettre la vie en danger. Il n’existe aucune preuve que l’Immunorex-DM28® ait une efficacité contre le virus du SIDA! Alors comment expliquer que des scientifiques renommés, spécialistes du VIH, comme Mark Wainberg cautionnent Immunorex et sa commercialisation? Après plusieurs échanges par mail, Mark Wainberg a cependant fini par nous avouer qu’il avait peut être fait une erreur de jugement.» (sic)

Le journaliste relate longuement et avec beaucoup de précision ses découvertes et les liens entre des chercheurs internationaux et certaines compagnies spécialisées en recherche sur le VIH. Il reproche essentiellement au Professeur Wainberg un certain nombre de conflits d’intérêts qui, comme présentés, donnent l’impression que les personnes impliquées cherchent à faire un coup d’argent avec une molécule somme toute assez insignifiante!

Devant la gravité des accusations portées par l’article, Gay Globe a contacté le Professeur Wainberg pour lui demander sa version des faits et c’est avec énergie que ce dernier nous a informés que cet article était truffé d’erreurs et de fausses informations. Il n’est pas question de refaire ici l’enquête de notre collègue Olivier Hertel, mais de chercher à mieux comprendre ce qu’il s’est passé dans cette affaire. Il a été décidé de laisser la place à une réplique, le Professeur Wainberg assumant entièrement ses explications.

Mark Wainberg donc, professeur de biologie moléculaire et de virologie à l’Université McGill de Montréal, a tenu à rétablir les faits dans notre publication. Il faut dire que l’article de notre collègue français a fait le tour du monde, il se devait d’y répondre.

«J’ai peut-être fait une erreur de jugement, mais là se limitent les conclusions que l’on pourrait tirer de cette affaire car je n’ai aucun contrat avec IIDSRSI ni avec Biosantech, j’ai souligné dans mes présentations que la DHEA ne peut jamais être utilisée à la place des ARV (antirétroviraux). Je n’ai aucune association avec les organismes en question. Je n’ai jamais bénéficié financièrement et je n’ai pas d’actions ni aucun intérêt financier dans les ventes de DHEA. M. Hertel, le journaliste à l’origine de l’affaire, n’a jamais répondu à mes courriels. J’ai définitivement fait une erreur de jugement quand j’ai accepté cette invitation et ma présentation, lors de ce congrès, n’a pas semblé plaire aux organisateurs puisque je disais clairement qu’on ne pouvait substituer la DHEA aux ARV et en tout, cette activité n’a occupé que 5% de mon temps cette journée-là. Je pense que le journaliste a pensé avoir LE SCOOP, mais il s’est définitivement trompé», concluait le Professeur Wainberg.